vendredi 21 septembre 2012
Coil - Scatology [1984]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 3 : 3 - LA BEAUTE DU DIABLE (De la musique qui fait peur et qu'on aime ça)
De la musique qui fait peur, un thème étonnant. A la première lecture je ne voyais pas quoi raccrocher à ce thème. Alors biaiser, contourner, détourner ? En fait non. J'ai plutôt envie de remercier Mister Moods puisque son thème me permet de proposer Scatology qui s'est rapidement imposé comme une évidence.
Au début des années 80 on est en plein dans l'explosion de la musique dite industrielle. Throbbing Gristle puis Psychic TV avaient ouvert la voie avant que des Einstürzende Neubauten, SPK, Cabaret Voltaire et autres Test Dept. ne l'emprunte. Sans vouloir faire étalage de mon CAP de sociologie appliquée, comment ne pas se rappeler qu'à cette époque nos belles sociétés occidentales venaient de prendre en pleine tronche un choc pétrolier dévastateur et de découvrir que les 30 glorieuses étaient derrière elles, que le capitalisme n'était pas le rêve qu'on voulait bien nous vendre mais qu'il savait, sans se forcer, créer sa part de misère. Si c'est dans la merde que poussent les plus belles fleurs, c'est aussi de ce marasme sociétal que sont nés la musique industrielle et les genres apparentés qu'on appelle cold-wave ou post-punk.
Jhonn Balance et "Sleazy" Peter Christopherson, transfuges de Psychic TV, créent Coil et sortent Scatology en 1984. Pour moi c'est une claque. Moins bruitistes que Throbbing Gristle, plus musicaux - ou en tout cas différemment - que Neubauten, Coil balance une musique qui oscille entre l'invitation au suicide et la torture psychologique. De l'Ubu Noir initial au Cathedral In Flames final - dans la version vinyle d'origine - tout est sombre, désespéré, souvent violent et agressif. Mais tout y est beau, poignant, sublime. Le disque entier se prête à l'oxymore : beauté terrifiante, sublime torture,atrocité magnifique. La Beautiful downgrade chère à Bauhaus à la même époque.
La terreur diffuse de Tenderness Of Wolves où Gavin Friday vient prêter sa voix dont le timbre si particulier n'a peut-être jamais si bien collé à la musique, les percussions tribales et les scansions démentes de The Spoiler, la chevauchée hyper-aigüe et hallucinatoire de Clap, les hurlements de foules fanatiques de Godhead=Deathead, les rythmes martiaux de Solar Lodge, tout n'est qu'agression des sens, visions démentes et promesses d'Apocalypse. C'est beau, terrifiant, sublime, épuisant, atroce et magnifique. Si j'osais une comparaison avec la peinture je dirais que Scatology est l'équivalent d'un Jugement Dernier avec pesée des âmes et monstres prêts à engloutir le pécheur égaré. Probablement le disque préféré de Jerôme Bosch.
Un mot sur les bonus du CD, parfaitement au diapason de l'édition originale. Restless Day, qui contrairement à ce que laisse penser son titre, propose une respiration judicieusement placée au milieu du disque. The Wheel morceau caché aux confins du CD, Aqua Regis rallongé par rapport au vinyle et surtout la reprise de Tainted Love/i>. Loin de la version new-wave dansante de Soft Cell trois ans plus tôt, Coil en propose ici une lecture suffocante et agonisante en réaction à l'épidémie galopante du SIDA. Si je ne m'abuse, ils ont invité Marc Almond à réinterprêter le morceau de Gloria Jones avec eux.
Pour revenir au titre du thème, La beauté du Diable, si j'avais une once de croyance religieuse, je qualifierais peut-être ce disque de diabolique. Loin des artifices Grand Guignolesques d'un Marylin Manson, dont on peut d'ailleurs comparer la reprise de Tainted love à celle qui clôture (presque) Scatology, Coil distille son anti-religiosité comme le serpent du jardin d'Eden répand son venin. Il y a bien longtemps que j'ai cédé à la tentation.
Till
01 Ubu Noir
02 Panic
03 At The Heart Of It All
04 Tenderness Of Wolves
05 The Spoiler
06 Clap
07 Restless Day
08 Aqua Regis
09 Solar Lodge
10 The S.W.B.P. (Sewage Worker's Birthday Party)
11 Godhead=Deathead
12 Cathedral in Flames
13 Tainted Love
14 The Wheel (hidden track)
ZS
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12 commentaires:
Je range les barges de Coil du côté des allumés de Current93.. des disques sublimes qui font flipper.. complètement habité. Bien ouèj !!
Salut Charlu,
Effectivement des connexions certaines entre les deux. D'ailleurs je crois qu'ils ont suivi des thérapies communes.
Je n'ai pas encore eu le temps de faire le tour des blogs, je m'y attèle.
Ah! Ah! Moi Juste pour le titre, j'aurais acheté. Ça devait exister tout simplement. Merci de la découverte.
La Rouge : mais le contenu est loin d'être de la merde !
Hello.
Pfou, ce disque me fout les foies.
Carrément...
EWG
Ah ? Et bien c'était le but Everett non ?
Mince je ne savais pas qu'il y avait des captchas ici. Le problème c'est que ce n'est pas moi qui ait les clefs du camion, j'attends qu'on me les file.
Oh! Oh! C'est loin d'être de la merde effectivement. Merci.
Oh purée, à côté Tricky a l'aitr dun gentil animateur de supermarché. Je passe ou trepasse je ne sais plus trop.
Le pire la captchka me dit eorcity ... et et j'ai lu exorcity ... oui ja'i envie de crier à cet opus sors de ce blog .. pas mon truc, tu peux me remetre un coup de la jolie femme a bigoudis, c'sest plus mon truc....
La Rouge : hmmm, je sentais que ça te plairait.
Sorgual : désolé, j'espère que tu ne seras pas traumatisé par l'écoute. Moi je trouve ça formidable.
Mais la fille au bigoudis aussi - et c'est vrai qu'elle est belle. D'ailleurs je viens d'acheter son deuxième album qui est aussi bon. Prochainement...
Une découverte, pour le moins étonnante. J'ai zappé ton blog durant les deux derniers jours. Pardon...
Bah c'est pas grave Toorsch, avec le jeu on se sait plus où donner de la tête. Déjà que sans le jeu...
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