Ce qui frappe d'abord chez lui, c'est sa voix. Un vrai crooner. Pour reprendre les mots de France Gall à propos d'Ella Fitzgerald, Anis c'est « comme une gaieté, comme un sourire, quelque chose dans la voix qui nous fait sentir étrangement bien ».
S'il voue un culte aux stars du swing et du be-bop comme Sarah Vaughan et Nat King Cole, Anis se nourrit aussi de Peter Tosh, Public Ennemy, Screamin' Jay Hawkins et des 3 « B » Barbara, Brel et Brassens. Chanson, hip-hop, reggae, blues et soul, son répertoire reflète toutes ses influences. Engagées mais jamais amères, les chansons d'Anis ont le goût d'un diabolo menthe : rafraîchissantes à la première gorgée, piquantes à la deuxième. Qu'il parle d'intégration ou qu'il salue les mérites de l'oisiveté, son « flow de paroles » (18 lignes minimum par titre) est toujours au service d'idées. Bref, une chanson populaire qui respire la vie.
Le garçon a fait ses armes « à l'arrache » dans le métro parisien. Dur, mais plus « tripant » que l'école, qu'il a quittée en première ES parce que « c'était hypocrite d'aller au lycée pour sécher ou fumer bédo sur bédo ». C'était plus honnête d'aller s'entraîner « le mercredi après-midi avec des groupes de reggae comme K2R Riddim à la maison de quartier ». Ou de « prendre le train du piano à 17 ans ». Repéré par un directeur artistique, il lui aura fallu dix ans pour percer et enregistrer un « sept titres » écoulé à près de 15 000 exemplaires.
De quoi attirer l'attention des maisons de disques : « Je n'avais qu'à choisir et faire monter la sauce », confie ce fan de BD, qui collectionne les Stan Smith d'Adidas depuis qu'elles ont servi de symbole pour une campagne de SOS Racisme. Aujourd'hui, Anis est heureux de défendre sa Chance sur scène. Son rêve ? Parcourir le monde comme le chanteur Antoine. « Il s'est pas fait la belle vie, sans dec' ? », rigole-t-il avant de s'éclipser.
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