" Les KARGOL'S sont de Perpignan et balancent un skacore complètement déjanté, mélange d'influence ska, reggae et hardcore." Voilà ce que l'on peut lire au dos du premier album des Kargol's et qui résume très bien leur style. En fait, de style ils n'en ont pas ! Nés d'une fusion entre deux bandes de potes dont les influences étaient d'un côté le punk et le rock alternatif (Bérus, Ludwig von 88, etc) et de l'autre le ska, les Kargol's ont développé parallèlement les deux styles et les ont inévitablement mélangés. Le terme skacore est peut-être un peu simpliste pour qualifier le groupe car il nous fait penser aux grosses pointures américaines : Mighty Mighty Bosstones et Voodoo Glow Skulls. Les Kargol's sont d'ailleurs souvent comparé à ces deux groupes. Cependant, leur répertoire est très éloigné de celui de ces groupes américains mais il est surtout mieux et plus créatif. En effet Kargol's figure parmi les groupes les plus intéressants de la scène ska-punk-hardcore française et je ne dis pas cela pour dire du mal des autres !
Comme on l'a dit précédemment, les Kargol's viennent de Perpignan qui se situe au nord de la Catalogne (sud-ouest de la France), proche de la Catalogne du sud (espagne) et par conséquent des prolifiques scènes catalanes et basques. Perpignan est un haut lieu du ska/punk et outre Kargol's on y trouve de nombreux groupes dont les fameux "100 g de Tête", les "Morion'z Circus"... Nés en 1992, les Kargol's ont subi comme a peu près tous les groupes, des changements de line-up. Ce qui, à écouter les deux albums, n'a pas trop chamboulé l'esprit du groupe. Le premier album, un 9 titres de trois-quarts d'heures intitulé "Ma ! j'galère" sort chez On A Faim ! label en 1996. Un album où on retrouve tous les styles allant du hardcore au reggae en passant par le ska et le ragga. Du côté des textes on trouve des sujets et une manière de les aborder vraiment engagés : liberté, antimilitarisme, pacifisme, pauvreté, essais nucléaires ainsi qu'un titre sur Vingrau, village catalan qui lutte contre l'exploitation d'une carrière par une multinationale....
Leur deuxième galette est sortie en 1999 et s'appelle "Satyagraha". 14 titres, toujours engagés et toujours "skacore". Pour cet album dont le nom signifie "la force de l'esprit non violent" (d'après Gandhi), les Kargol's ont changé de label (ils ont signé sur MSI/Highgroove) ainsi que de line-up. Ce que j'ai oublié de vous préciser, c'est que les Kargol's sont cinq (en ce qui concerne le line-up du dernier album) et que la répartition des instruments est intéressante. En effet, outre le batteur Ben, Manu le guitariste et le bassiste Bruixe qui font d'ailleurs tous trois les chœurs, il y a deux chanteurs, Yannick et Eric, qui joue aussi respectivement du sax alto et ténor et qui constituent l'unique section "cuivre" du groupe. Cette originalité a de l'attrait spécialement sur scène puisque ce n'est pas tous les jours que l'on voit deux frontmen (chanteurs et saxophonistes qui plus est) dynamiser autant un groupe.
Les Kargol's ont des centaines de concerts et festivals à leur actif et sont passé deux fois à Genève : au Burn Motherfucker Festival en novembre 1999 à l'Usine (en collaboration avec Hannibal Records) et deux ans auparavant au regretté Ilôt 13. C'est d'ailleurs au cours d'un festival en France qu'une triste affaire, baptisée par la suite "l'affaire Kargol's", est survenue. Effectivement, le 4 septembre 1999 se tenait à Marmande le quatrième festival "Stop Hypocrisy" (qui, on va le voir, porte très mal son nom) dans le cadre duquel jouaient les Kargol's. Le concert a lieu devant une grosse foule d'environ 7000 personnes et les agents de sécurités agissent avec une violence démesurée et complètement inadéquate. A plusieurs reprises, le groupe demande à la sécurité de se calmer. Vers la fin du concert, plusieurs spectateurs montent sur la scène pour skanker en compagnie du groupe. Cette pratique est monnaie courante dans de nombreux concerts punk ou ska, et montre tout simplement que les groupes sont proches de leur public. Cependant, la sécurité de Marmande n'avait pas l'air de cet avis et leur violence décuplait envers ceux qui montaient sur la scène. Après une nouvelle réclamation du groupe de Perpignan, les gens ont pu monter plus facilement sur la scène. C'est là qu'un élément de la scène c'est écroulé faisant chuter plusieurs personnes. Celles-ci ont pu s'extirper facilement mais un corps inanimé sera retrouvé plus tard dans les décombres. Yannick, un des chanteurs des Kargol's a été le seul mis en examen ( pour homicide involontaire) pour la mort du jeune homme. On comprend mal la réaction de la justice ainsi que l'hypocrisie et la lâcheté des autres mis en cause, soit M.R.P. (organisateurs du concert), la mairie de Marmande (co-organisatrice) ainsi que les services de sécurité. Ces sociétés n'ont nullement été inquiétées par la justice alors que Yannick a eu longtemps l'interdiction de jouer sur scène et de quitter la France. De nombreux concerts de soutiens ont été organisés et un comité a été mis en place.
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Pass: cerumen
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