mercredi 31 octobre 2012

Dr John - Locked Down [2012]


Sur la table la poupée de chiffon le fixe droit dans les yeux. A coté la boîte d'épingles lui fait de l’œil. Tout est réuni mais le plus dur reste à faire. Se lancer dans un truc loufdingue. Dan se marre tout seul. Une séance de vaudou en plein cœur de l'Ohio, y a vraiment de quoi pisser de rire. Heureusement il a pris soin de s'enfermer dans son studio d'enregistrement, et fait tourner quelques disques histoire de s'imprégner de l'ambiance pour la Grande Cérémonie. Et d'être seul et moins ridicule.

Il n'a jamais cru à ses conneries de sorcellerie mais au moment de piquer il sent que le truc devient sérieux. Alors il hésite. Les risques ? Engendrer un monstre incontrôlable, ruiner définitivement une légende, achever un vieillard. Mais depuis plus de dix ans que la bête sommeille, éructant sporadiquement quelques fumerolles à peine toxiques, Dan a envie de la réveiller. Re-animator comme dans une série Z. La créature des Marais. Allez vas-y. Pique. Pique, pique, pique et pique.

A des milliers de miles de là, Malcolm se réveille en hurlant. La brume flotte encore sur le bayou proche, il sent l'humidité s'attaquer à son squelette de 72 balais. La douleur dans le bras gauche l'inquiète. Un putain d'infarctus ? Ça ou autre chose, hein, on s'en fout, mais il l'envisageait pour plus tard. Aïe ! Une autre douleur soudaine lui lacère la jambe. Une troisième ne tarde pas à lui connecter quelques neurones encore vaillants. Vaudou., voodoo, V.O.O.D.O.O. Papa Legba lui transmet un message perso de  Mawu et le Grand Patron a l'air diablement pressé.

Malcolm se lève, retrouve des fringues pourries par l'âge et l'humidité, chope un chapeau qui traine par terre. En quelques secondes Dr John a dépoussiéré son vieux piano et joue comme un forcené, cherche des accords, trouve des mélodies. Tout se met en place dans sa tête, c'est comme si un esprit malin avait rouvert les vannes de sa créativité et malaxait maintenant son cerveau embrumé pour en extraire quelques nouvelles incantations. Dédoublement. Malcolm observe Dr John au piano et n'en croit pas ses yeux, ses oreilles, ses tripes. Il n'a pas entendu le Docteur rugir comme ça depuis des lustres.

- Allo M. Rebennack ? Je suis Dan Auerbach des Black Keys, j'aimerais travailler avec vous.
- Je sais, j'attendais ton appel.
- Vous quoi ? Vous me faites peur.
-  T'inquiète pas p'tit. J'ai écrit plusieurs chansons aujourd'hui, les meilleures depuis longtemps. T'attrapes ta guitare et tu te pointes ici. Et il me faut un batteur du diable, des choristes en transe et des cuivres bien gras et poisseux.
- Euh...d'accord M. Rebennack, j'arrive avec tout ça.
- Hé p'tit ! Le Dr John est de retour.


01. Locked Down
02. Revolution
03. Big Shot
04. Ice Age
05. Getaway
06. Kingdom Of Izzness
07. You Lie
08. Eleggua
09. My Children, My Angels
10. God's Sure Good

Lien supprimé suite à une réclamation .

mardi 30 octobre 2012

L'Année du Dragon vs Big Brother






L'Année du Dragon n'est plus. Qui que ce soit à l'origine de cette fermeture, cette censure est particulièrement odieuse et stupide. Le blog de Mr Moods était une zone d'expression, un espace d'échanges, de discussions autour de la musique. La passion de Mr Moods est de faire découvrir des artistes, des albums et  d'encourager ses lecteurs à les acheter pour peu que ses chroniques les aient convaincus de la qualité de l'artiste, de l'album. Il semble que cette liberté d'expression soit insupportable à certains.

Big Brother vient de gagner une bataille par trop inégale. Mais Big Brother ne gagnera pas toujours.
All things move toward their end. So Long Mr Moods.

mercredi 24 octobre 2012

Frank Tovey - Tyranny And The Hired Hand [1989]



Il n'est pas toujours besoin de hurler pour se faire entendre. C'est en quelque sorte le principe que Frank Tovey s'est imposé de suivre pour sortir son quatrième album solo. Solo ? En fait pas plus solo que ceux de Fad Gadget, ils sont simplement sortis sous son vrai nom, Fad Gadget n'étant qu'un pseudonyme pour ses premières expériences.

Donc après Easy Listening For The Hard Of Hearing (1984) en collaboration avec Boyd Rice et après Snakes And Ladders (1986) et Civilian (1988) qui poursuivaient, plus calmement, les travaux de Fad Gadget, 1989 vois Frank Tovey porter ses attaques sous un nouvel angle. Fidèle à ses obsessions cristallisées en quelque sorte dans l'esclavage de l'homme par la société industrielle, Frank abandonne ses expérimentations électroniques, cold wave ou indus pour se muer en folk-singer. Rien de moins.

Tyranny And The Hired Hand est en effet un album de reprises, essentiellement acoustiques, de protest songs et de labour songs. Chansons de mineurs, d'ouvriers des filatures, chansons de folklore, dont certaines figuraient déjà aux répertoires de quelques obscurs folkeux comme Woodie Guthrie, Bob Dylan ou Johnny Cash. On a les références qu'on peut.

Et réellement Tyranny And The Hired Hand est une réussite. Si l'album démarre en douceur avec '31 Depression Blues ou Hard Times In The Cotton Mill traitées de façon traditionnelle, la tension monte clairement à partir de John Henry pour un premier sommet atteint avec The Blantyre Explosion sur laquelle le timbre de voix de Frank fait des merveilles. La deuxième partie du disque enchaine les morceaux de bravoure avec l'éternel Sixteen Tons,  un impressionnant Buffalo Skinners, pour finir sur un dylanien Joe Hill.

Mais la plus grosse surprise vient certainement de cette reprise de Men of Good Fortune qui, au premier abord, paraît déplacée dans cette liste et qui pourtant y trouve logiquement sa place, sujet oblige. Il est étonnant de constater comme la voix de Tovey sur ce morceau est proche de celle du Lou Reed de Berlin. J'avais croisé le fantôme de Tovey sur le dernier album de John Cale, voici une nouvelle connexion velvetienne inattendue.

1. '31 Depression Blues
2. Hard Times in the Cotton Mill
3. John Henry / Let Your Hammer Ring
5. The Blantyre Explosion
6. Money Cravin' Folks
7. All I Got's Gone
8. Midwife Song
9. Sam Hall
10. Dark as a Dungeon
11. Men of Good Fortune
12. Sixteen Tons
13. North Country Blues
14. Buffalo Skinners
15. Black Lung Song
16. Pastures of Plenty
17. Joe Hill

samedi 13 octobre 2012

Fad Gadget - Fireside Favourite [1980]



Peut-on sérieusement croire aux fantômes ? Définitivement non, sauf à aimer passer pour le neuneu de service, le gogo prêt à gober toutes les fariboles. Et pourtant des fantômes il m'arrive d'en croiser. Mais attention, les miens ont eu une classe folle. Pas de drap blanc ridicule avec des trous pour les yeux, pas des spectres qui traversent les murs et viennent vous effrayer nuitamment. Non mes fantômes à moi sont de purs esprits, invisibles mais sonores. Qui plus est, musicalement ils sont d'un goût exquis et ont marqué l'histoire à leur façon.

Je les croise de temps en temps au hasard d'un disque, au détour d'un morceau, une voix, une ambiance, un son me rappellent furtivement les démons de Jeffrey Lee Pierce, les angoisses de Ian Curtis, ou la rage de Strummer. D'ailleurs j'en ai croisé  récemment des fantômes. J'écoutais le nouvel album de John Cale, que je n'hésite pas à qualifier d'excellent, dont les rythmes et les sonorités m'ont par moment transporté 30 ans en arrière. Si Hemingway fait resurgir le chant grave de Ian Curtis, chaque écoute de Scotland Yard me confirme que ce morceau est habité par l'esprit de Frank Tovey.

Quand en 1980 New Order en deuil s'enlisait dans une musique synthétique à laquelle je n'ai jamais accroché, Fad Gadget déboulait sur la scène post-punk. Basse en avant, rythmique percutante volontiers  synthétique et bruitages électroniques, Frank Tovey avait trouvé le parfait laboratoire pour ses expérimentations sonores au service d'une âme torturée mais toujours prête à sublimer ses angoisses. Au fil d'une courte carrière, débutée en 79 et achevée en 84, Fad Gadget a produit 4 albums et nombre de singles sans jamais se répéter. Le groupe a  finalement connu un succès commercial avec un extrait de Gag, leur dernier album : Collapsing New People. Clin d’œil du destin puisque ce titre, certes à la rythmique plus dance, était enregistré avec les musiciens de Einstürzende Neubauten - en anglais Collapsing New Buildings - et que la rencontre entre la cold wave anglaise et la musique industrielle allemande ne présageait pas d'un succès commercial.

Mais si la reconnaissance vient tardivement avec le dernier album, c'est bien le premier qui est pour moi la plus grande réussite de Fad Gadget. De Fireside Favourites je n'écarterais aucun titre, chacun apportant sa pierre à un édifice exorcisant les angoisses de Tovey et son incompatibilité avec le monde qui l'entoure. De l'oppressant State of a nation au claustrophobe The Box en passant par le voyeurisme sordide et obscène de Newsreel, Tovey dévoile une personnalité tellement proche de celle de Curtis qu'elle ne pouvait que me toucher.

Frank Tovey est décédé en 2002, mais il nous a laissé Fad Gadget, quelques albums solos et une empreinte indélébile. Son fantôme hante encore parfois la musique.

Till

1. Pedestrian
2. State Of The Nation
3. Salt Lake City Sunday
4. Coitus Interruptus
5. Fireside Favourite
6. Newsreel
7. Insecticide
8. The Box
9. Arch Of The Aorta


ZS

mardi 9 octobre 2012

The Briefs - Sex Objects [2004]





Punk's Not Dead hurlait en 1981 Wattie, le très fin chanteur de The Exploited, à l'unisson des autres punks de la deuxième, troisième ou quatrième génération qui avaient raté la grande vague de 76.

Punk's Not Dead nous répète t-on régulièrement, à chaque fois qu'un nouveau groupe punk pointe le bout de la crête dans le paysage musical.

Punk's Not Dead : pourtant l'adage se vérifie ici - une fois n'est pas coutume -  avec ce petit groupe sympathique, qui malgré ses origines américaines produit un son plutôt britannique, qui évoque plus les ambiances brouillard / Guinness/ Fish'n Chips sur Portobello Road que le soleil et les plages californiennes de tous ces groupes pseudo-punks pour surfers boutonneux qu'on tente régulièrement de nous vendre comme la nouvelle vague du punk-rock.
Coté son c'est donc plutôt dans l'esprit old school, coté paroles, le flambeau des groupes contestataires d'antan est bien entretenu et brûle toujours haut et fort. Des titres comme Destroy The USA, No more Presidents ou My Girlfriend is a communist décrivent assez bien l'état d'esprit de la bande.

Ces quatre enragés de Seattle, qui n'hésitent pas à l'occasion à tester le costume-cravate sur scène, maîtrisent les compos et la guitare à deux cordes sur le bout du doigt. Mélodies bien troussées, refrains accrocheurs et riffs réjouissants, pas étonnant qu'on les compare souvent aux Buzzcocks. Enfin pour ce qui est du rythme, rien à envier aux anciens: tempo speedé, morceaux rarement au-delà des 3 minutes, l'ensemble de l'album est expédié en 32 minutes. Briefs mais efficace.

Till

PS : Pour ceux qui aiment j'ai aussi les albums Steal yer heart et Hit After Hit. Suffit de demander.

01. Orange Alert
02. Halfsize Girl
03. Destroy the USA
04. Ephedrine Blue
05. So Stupid
06. Sex Objects
07. Killed by Ants
08. No More Presidents
09. Shoplifting at Macy's
10. Mystery Pill
11. Sally I Can't Go to the Beach
12. Antisocial
13. Vitamin Bomb
14. Life Styles of the Truly Lazy

ZS

jeudi 4 octobre 2012

Les Touffes Krétiennes - Crazy Punk Brass Band [2005]




A la demande de Jimmy, suite au post des Quelques Fiers Mongols, voici l'album de Les Touffes Krétiennes, une fanfare pas très catholique. Pas tout à fait Brass Band puisqu'ils intègrent guitare et batterie, Les Touffes Krétiennes est une fanfare à géométrie variable, en ce sens que les membres tournent en fonction des disponibilités de chacun. Le tout dans un état d'esprit collectif immuable. Tous à peu près sont issus de la scène françaises du début des années 2000 : Les Hurlements d'Leo, Les Ogres de Barbak, Les Fils de Teupuh, Babylon Circus et autres. Désolé pour ceux que j'oublie de citer.


Là où les Fiers Mongols choisissent de revisiter le répertoire Zeppelinien, Les Touffes préfèrent axer ce premier album sur des compositions tantôt d'inspiration ska hispanisant flirtant parfois avec le jazz comme pouvait le faire le ska roots, tantôt franchement musique de fanfare à l'image du formidable Galerman ou de Fainéant. Ce qui ne les empêche pas de s'autoriser deux belles reprises de morceaux inoubliables : Guns of Brixton formidable reggae de Clash écrit par Paul Simonon et le nom moins fantastique You Really Got Me des Kinks. Rien que ça. Cette dernière reprise commence curieusement par un cri : The KKK took my baby away hommage rapide aux Ramones, dont je serais curieux d'entendre une reprise par Les Touffes.

Dernière curiosité, le morceau final est un dub, pour le coup franchement dub et pas du tout fanfare. Mais pourquoi pas.

Till

1. Shalala
2. Pamella
3. Tokyo
4. Gun's Of Brixton
5. You Really Got Me
6. Monkey
7. Galerman
8. Faineant
9. The Yack (Live In Barcelona)
10. Cugmao Dub Remix

ZS

Imelda May - Mayhem [2010 - 2012]






Ce post a été supprimé par la Blogger Team. Il parait que dire du bien d'un disque et encourager les gens à l'acheter fait du tort aux ayant-droits. Je le note.

Till

lundi 1 octobre 2012

Quelques Fiers Mongols - II [2006]



Après deux semaines intenses consacrées au Grand Jeu voici une petite respiration histoire de reprendre son souffle. Parce que du souffle il en faut incontestablement pour cet album de Quelques Fiers Mongols.

Le principe du truc c'est une fanfare - ici une petite, réduite à cinq musiciens - qui reprend des morceaux de Led Zep.  Iconoclaste au possible et avouez que jouer du Led Zep avec seulement des cuivres ça ne manque pas d'air.

Les Zeppelinophiles intégristes à la Page qui ne supportent pas qu'on piétine leurs Plant riront sûrement Jones. Mais la bonne âme - oui là j'ai hésité - qui prêtera l'oreille à ce disque trouvera un certain plaisir, ou au moins un amusement à ce détournement réjouissant.

C'est dans le même esprit que Crazy Punk Brass Band, l'album que Les Touffes Krétiennes avaient consacré à des reprises tout aussi iconoclastes dont Clash et Kinks, entre autres, avaient fait les frais. Frais comme la bouffée d'air qu'on respire à l'écoute de ce disque et de sa façon de revisiter des standards.

Ce n'est pas un disque à couper le souffle, juste une respiration au milieu d'un vent de folie.

Till

01. Immigrant song
02. Heartbreaker
03. Dazed and confused
04. The wanton song
05. Kashmir
06. Dancing days
07. Moby dick
08. In my time of dying
09. The océan
10. Wah wah


ZS