dimanche 16 décembre 2012

The Yobs - Christmas Album [1980]


Je vous la fais courte aujourd'hui, je ne suis pas un fan, loin de là, des albums de nowell, mais je fais la suite des échanges sur le post de Toorsch . Chose promise, chose due et joyeux Noël.

The Yobs. Un nom qui ressemble à un hoquet mal contenu après la troisième pinte de bière. D'ailleurs c'est peut-être dans ces conditions qu'est née l'idée de ces chants de Noël. Parce que The Yobs c'est en fait The Boys, groupe punk anglais de la première vague, la vraie, qui n'a laissé qu'une petite trace dans l'histoire. Si petite que personne n'a eu l'idée d'en parler chez Wikisaitout français. Pourtant si vous interrogez le Whiskypedia british vous verrez que certains membres avaient d'abord joué au sein des London SS, premier groupe de Mick Jones, qu'ils ont tourné un peu en première partie de John Cale, puis des Ramones et que depuis la fin des 90's ils se réunissent de temps à autres pour quelques concerts. Hé oui, étant jeunes ils avaient oublié de cotiser pour leur retraite, il faut bien qu'ils s'en occupent maintenant.

Et donc en marge de leur quatre albums studio de 77 à 81, nos garnements décident de détourner des chants de noël et des comptines, de façon souvent sexuellement orientées (voir plus bas). Et pour ne pas entacher la pureté du nom du groupe avec des débauches de textes licencieux, ils décident de le transformer en inversant deux lettres. Les anglophones auront noter l'astuce.

Voilà donc ce Christmas Album qui n'a révolutionné ni la musique ni le génocide des dindes, juste anecdotique et amusant. Je ne résiste pas à vous proposer les paroles de ce grand moment de poésie qu'est C.H.R.I.S.T.M.A.S. Comme je l'ai dit d'entrée c'est court, mais on ne va pas faire Noël là-dessus non plus.

"c" is for your little clit when i go down beneath.
"h" is for your pubic hair that sticks between my teeth.
"r" is for your rectum, that "i" fuck with my dick.
christmas comes but once a year and makes me fucking sick.
"s" is for your shitty asshole, clinkers 'round your bum,
"t" is for your massive tits that make me want to cum.
"m" is for masturbation, when you're not here with me.
"a" is for the agony of catching your vd.
"s" is for the syphilis that rots away my prick,
christmas comes but once a year and makes me fucking sick.
"s" is for the syphilis that rots away my ding-dong merrily along,
the chapel bells are ringing. ding-dong merrily along,
my fucking balls are swinging.
whoa, whoa whoa whoa, whoa whoa whoa,
whoa whoa whoa, whoa, whoa whoa....
the chapel bells are ringing. (more whoa's)
...my fucking balls are swinging!

01 - Rub A Dum Dum;
02 - The Ballad Of The Warrington;
03- Another Christmas
04 -Doggy
05 - Jingle Bells
06 - Auld Lang Syne
07 - Silent Night
08 - Silver Bells
09 - C.H.R.I.S.T.M.A.S / Gloria
10 - 12 Days Of Christmas
11 - White Christmas / We Wish You A Merry Christmas;
12 - May The Good Lord Bless And Keep You.

Essayez cerumen.

jeudi 6 décembre 2012

SOULAGES XXIe SIÈCLE - Musée des Beaux-Arts de Lyon


Monsieur Pierre Soulages
je vous fais cette lettre,
que vous lirez peut-être
si vous avez l'courage.

Je vous fais cette lettre pour vous dire combien je vous en veux. Je suis allé voir l'expo SOULAGES XXIe SIÈCLE au Musée des Beaux-Arts de Lyon, et je vous en veux. Je vous en veux M. Soulages, parce que depuis je broie du noir.  Certes, le jeu de mots est facile mais essayez un peu de me comprendre : je rentre dans le musée bouillonnant d'impatience et d'envie et j'en ressors quelques heures plus tard désespéré. Désespéré ? Pas parce que j'ai été confronté à des toiles noires comme j'ai pu l'entendre ici ou là. Non, désespéré parce que le temps de cette visite ma propre peinture est devenue vaine, mesquine et sans intérêt. En sortant de ce musée j'étais devenu aquoiboniste comme dans une chanson de Gainsbourg. A quoi bon continuer à peindre après ça ?

Oh bien sûr j'avais déjà eu l'occasion de contempler vos œuvres, à Beaubourg, à Antibes ou ailleurs. A Grenoble en particulier où, dans cette salle improbable, vous côtoyez Miro et Calder. Mais jamais avec une telle profusion , une telle densité et une telle intensité. L'intensité, tout est là justement. Contempler un de vos tableaux me procure à chaque fois une émotion. Mais s'immerger deux ou trois heures durant dans ces salles uniquement consacrées à vos peintures est une épreuve à part entière. Se confronter ainsi à votre œuvre, à cette matière palpable, offerte et sensuelle, à cette profondeur, à ces lumières, à cette intensité, à cet infini, provoque un flot d'émotions incontrôlable, un débordement des sens, la rupture d'un barrage et l'inondation d'une vallée qui n'en demandait pas tant. C'est une épreuve dont on ne ressort pas indemne.

Vous m'avez fait voyager Outrenoir M. Soulages et je vous en veux. Je vous en veux de ce trop-plein d'émotions qui m'a fait sortir de là les larmes aux yeux. Je vous en veux de m'avoir ramené à ma petite condition d'être humain ordinaire. Je vous en veux de m'avoir fait me tromper de métro pour repartir.

Je vous en veux et je vous remercie pour ce voyage M. Soulages. Infiniment.

dimanche 25 novembre 2012

The Young Gods - Play Kurt Weill [1991]


Il y a deux façons de reprendre des morceaux. La première consiste à faire une copie conforme, ou presque, de l'original, sans se prendre la tête et sans prendre de risque. Ça ne sert pas à grand-chose hormis à remplir un disque sans autres frais que les droits d'auteur quand on est en panne d'inspiration ou plein de paresse dans son travail. Clic clac, l'affaire est dans le sac, on verra la prochaine fois pour essayer de faire mieux. Ou pas. Ce ne sont pas les exemples qui manquent mais je n'ai aucune envie d'en parler ici.

L'autre façon, ma préférée évidemment, nécessite un peu plus de boulot puisqu'il s'agit de se réapproprier le morceau en le modifiant, en le recomposant, en le réarrangeant, en lui donnant un nouveau souffle tout en préservant plus ou moins l'esprit originel. Et tout ça demande du talent, du travail et du talent. Et de l'inspiration. Tout ça n'empêche pas parfois de faire un bide, un flop, un ratage, ce qui est en soi plutôt subjectif. Reconnaissez-le, bande d'auditeurs de mauvaise foi que vous êtes, combien de fois avez-vous trouvé une reprise plate, exsangue, atone, ou au contraire prétentieuse, ampoulée, pompière et en avez-vous conclu hâtivement qu'elle était ratée ? Je dis vous parce que moi, quand je trouve une reprise ratée il se trouve que j'ai raison, je le dis en toute bonne foi et avec objectivité, je le pense donc je le sais. C'est pratique.

Partant de ce postulat intéressant et réversible, je vous dirai un peu plus loin ce que je pense de cet album des Young Gods puisque c'est le but ultime de cette chronique blablateuse, ne l'oublions pas. Mais pour en finir provisoirement avec l'Art subtil de la reprise revenons à la dernière catégorie : celle de la réappropriation réussie. Outre les reprises complètement décalées comme ont pu en offrir Quelques Fiers Mongols et Les Touffes Krétiennes proposés ici ces dernières semaines, il y a dans ma galaxie quelques spécialistes du genre. Celui qui me vient instantanément à l'esprit c'est Nick Cave, dont chaque reprise semble avoir été écrite par lui tant elle est imprégnée de sa personnalité. Comme s'il ne pouvait pas se contenter d'être un auteur-compositeur-interprète formidable, non en plus il faut aussi qu'il tutoie la perfection quand il reprend les morceaux des autres. Que reste-t-il alors à Francis Cabrel, le pauvre ?

Dans la famille des Repreneurs de talent, voici donc, roulements de tambours, sous vos applaudissements :  The Young Gods. Déjà nominés dans la catégorie Groupes Industriels Innovants - on se croirait à un congrès du Medef - pour leurs deux premiers albums, The Young Gods en 1987 et L'Eau Rouge en 1989, les 3 suisses qui composent le groupe ajoutent en 1991 un nouvel article à leur catalogue. Ha ha ha.

Si l'idée de réunir le répertoire de Kurt Weill et la musique des Young Gods peut surprendre a priori, l'écoute du résultat devrait convaincre les plus sceptiques. A défaut, n'oubliez pas mon postulat qui prouve sans contestation possible que j'ai raison. Donc ce disque est une réussite. Ça tombe bien, c'est pour ça que j'avais envie d'en parler. Pourtant l'exercice était pour le moins périlleux, du genre casse-gueule au bord du gouffre, le Bifertenstock en chute libre, sans parachute. Mais c'est avec une belle maîtrise que nos trois alpinistes suisses tutoient les sommets et le Pic de Weill, alternant les ambiances cabaret décadentes dignes des années folles berlinoises et les structures bruitistes indus dont ils nous avaient déjà régalé précédemment. Surtout, ces Helvètes Underground prouvent, s'il en était besoin, toute la modernité de la musique de Kurt Weill et la source d'inspiration qu'elle continue d'être pour des artistes, 60 ans après qu'elle ait vu le jour.

Tout au long de ces reprises, tirées des deux opéras les plus connus de Weill / Brecht, Grandeur et Décadence de la ville de Mahagony et l'Opéra de Quat'sous, la voix de Franz Treichler se fait tantôt envoutante, tantôt angoissante, superbement soutenue par des rythmiques qui donnent à l'ensemble une intensité rare. Supplément non négligeable, le fait que Treichler soit germanophone lui permet de rester fidèle aux textes d'origine et de conserver la scansion propre à l'allemand, difficilement dissociable de la musique de Weill. Mais de fidélité, la musique ne conserve qu'un esprit, tant les Young Gods recomposent et se réapproprient les chansons. Car c'est bien là que réside la réussite de ce disque : dans la réappropriation du répertoire de Kurt Weill, sans se laisser inhiber par le respect qu'inspire évidemment ce glorieux ancêtre. Des reprises formidablement réussies, je vous dis. Souvenez-vous de mon postulat.

1. Prologue
2. Salomon Song
3. Mackie Messer
4. Speak Low
5. Alabama Song
6. Seeräuber Jenny
7. Ouverture
8. September Song

Essayez cerumen



jeudi 8 novembre 2012

James Chance & Terminal CIty - The Fix Is In [2010]



Peut-on encore croire en James Chance ? Sur la pochette, avec son visage pâle, un peu bouffi, on croirait voir Johnny Depp maquillé pour un film de Tim Burton. On peut y voir aussi un James Chance résigné, désabusé. The fix is in, l'idée est peut-être là : c'est couru d'avance, dés pipés, paris truqués. Un nouvel album du Sax Maniac et un de plus qui ne rencontrera les oreilles que de quelques aficionados fidèles à ses stimulations tympano-cérébrales. J'exagère, mais à peine, car cet autre James - White mais grand fan de Brown - s'est attaché au cours de sa carrière, un public certain bien que limité en nombre.

De Teenage Jesus and The Jerks à James Chance and The Contortions en passant par James White and The Blacks, ça fait bientôt 35 ans qu'il donne des couleurs au noir et blanc, s'attachant à fusionner compulsivement les musiques noires et blanches, mélangeant avec délectation et une maîtrise évidente jazz, funk ou rock. Même si sa route s'est rapidement éloignée de celle de Lydia Lunch, il est longtemps resté un des symboles de la scène No Wave new-yorkaise, l'un des plus déconcertants aussi.

Car son truc c'est la note stridente, décalée, le rejet de l'harmonie et de la mélodie facile, une musique qui ne se laisse pas apprivoiser sans effort. N'allez pas croire pour autant que depuis si longtemps il torture son saxo en virtuose pour le plaisir de quelques théoriciens intellos. Non, ce qu'il aime avant tout c'est faire bouger le public. A ses débuts il n'hésitait pas à faire le coup de poing avec les spectateurs qui l'écoutaient assis, à les forcer à se lever et à danser sur son funk, alors les théories sur la musique hein...D'autant que les paroles qu'il colle sur ses musiques ont toujours assez d'humour et de décalage pour lui éviter de se prendre trop au sérieux.

Comme une évidence, James Chance a fait évoluer sa musique vers le jazz. Mais on ne se refait pas, lui moins qu'un autre, les dissonances, les stridences du piano, du sax ou de la guitare sont toujours bien présentes. Free Jazz ? Peut-être, si tant est que ce terme ait encore un sens. Et si la plupart des morceaux de cet album reprennent des titres de films noirs - en noir et blanc bien évidemment - sa musique et ses textes ont gardé l'humour au second degré qui les a toujours caractérisés.

Le morceau The Fix Is In trouvera facilement ses amateurs, c'est un régal à écouter. Devilish Angel et son ambiance sombre et froide trouvera un écho chez certains. Ce sera évidemment plus difficile pour d'autres titres aux sonorités typiques des Contortions devenues Terminal City. Ces morceaux-là en feront fuir plus d'un, c'est couru d'avance. The fix is in.

Essayez donc cerumen

01 Down And Dirty     
02 The Street With No Name    
03 Blonde Ice   
04 The Fix Is In    
05 Devilish Angel    
06 Another Pompadour    
07 Chance's Mood    
08 Lotus Blossom    
09 The Set Up
10 Leave My Girl Alone

Merci de laisser un commentaire en passant.

mercredi 31 octobre 2012

Dr John - Locked Down [2012]


Sur la table la poupée de chiffon le fixe droit dans les yeux. A coté la boîte d'épingles lui fait de l’œil. Tout est réuni mais le plus dur reste à faire. Se lancer dans un truc loufdingue. Dan se marre tout seul. Une séance de vaudou en plein cœur de l'Ohio, y a vraiment de quoi pisser de rire. Heureusement il a pris soin de s'enfermer dans son studio d'enregistrement, et fait tourner quelques disques histoire de s'imprégner de l'ambiance pour la Grande Cérémonie. Et d'être seul et moins ridicule.

Il n'a jamais cru à ses conneries de sorcellerie mais au moment de piquer il sent que le truc devient sérieux. Alors il hésite. Les risques ? Engendrer un monstre incontrôlable, ruiner définitivement une légende, achever un vieillard. Mais depuis plus de dix ans que la bête sommeille, éructant sporadiquement quelques fumerolles à peine toxiques, Dan a envie de la réveiller. Re-animator comme dans une série Z. La créature des Marais. Allez vas-y. Pique. Pique, pique, pique et pique.

A des milliers de miles de là, Malcolm se réveille en hurlant. La brume flotte encore sur le bayou proche, il sent l'humidité s'attaquer à son squelette de 72 balais. La douleur dans le bras gauche l'inquiète. Un putain d'infarctus ? Ça ou autre chose, hein, on s'en fout, mais il l'envisageait pour plus tard. Aïe ! Une autre douleur soudaine lui lacère la jambe. Une troisième ne tarde pas à lui connecter quelques neurones encore vaillants. Vaudou., voodoo, V.O.O.D.O.O. Papa Legba lui transmet un message perso de  Mawu et le Grand Patron a l'air diablement pressé.

Malcolm se lève, retrouve des fringues pourries par l'âge et l'humidité, chope un chapeau qui traine par terre. En quelques secondes Dr John a dépoussiéré son vieux piano et joue comme un forcené, cherche des accords, trouve des mélodies. Tout se met en place dans sa tête, c'est comme si un esprit malin avait rouvert les vannes de sa créativité et malaxait maintenant son cerveau embrumé pour en extraire quelques nouvelles incantations. Dédoublement. Malcolm observe Dr John au piano et n'en croit pas ses yeux, ses oreilles, ses tripes. Il n'a pas entendu le Docteur rugir comme ça depuis des lustres.

- Allo M. Rebennack ? Je suis Dan Auerbach des Black Keys, j'aimerais travailler avec vous.
- Je sais, j'attendais ton appel.
- Vous quoi ? Vous me faites peur.
-  T'inquiète pas p'tit. J'ai écrit plusieurs chansons aujourd'hui, les meilleures depuis longtemps. T'attrapes ta guitare et tu te pointes ici. Et il me faut un batteur du diable, des choristes en transe et des cuivres bien gras et poisseux.
- Euh...d'accord M. Rebennack, j'arrive avec tout ça.
- Hé p'tit ! Le Dr John est de retour.


01. Locked Down
02. Revolution
03. Big Shot
04. Ice Age
05. Getaway
06. Kingdom Of Izzness
07. You Lie
08. Eleggua
09. My Children, My Angels
10. God's Sure Good

Lien supprimé suite à une réclamation .

mardi 30 octobre 2012

L'Année du Dragon vs Big Brother






L'Année du Dragon n'est plus. Qui que ce soit à l'origine de cette fermeture, cette censure est particulièrement odieuse et stupide. Le blog de Mr Moods était une zone d'expression, un espace d'échanges, de discussions autour de la musique. La passion de Mr Moods est de faire découvrir des artistes, des albums et  d'encourager ses lecteurs à les acheter pour peu que ses chroniques les aient convaincus de la qualité de l'artiste, de l'album. Il semble que cette liberté d'expression soit insupportable à certains.

Big Brother vient de gagner une bataille par trop inégale. Mais Big Brother ne gagnera pas toujours.
All things move toward their end. So Long Mr Moods.

mercredi 24 octobre 2012

Frank Tovey - Tyranny And The Hired Hand [1989]



Il n'est pas toujours besoin de hurler pour se faire entendre. C'est en quelque sorte le principe que Frank Tovey s'est imposé de suivre pour sortir son quatrième album solo. Solo ? En fait pas plus solo que ceux de Fad Gadget, ils sont simplement sortis sous son vrai nom, Fad Gadget n'étant qu'un pseudonyme pour ses premières expériences.

Donc après Easy Listening For The Hard Of Hearing (1984) en collaboration avec Boyd Rice et après Snakes And Ladders (1986) et Civilian (1988) qui poursuivaient, plus calmement, les travaux de Fad Gadget, 1989 vois Frank Tovey porter ses attaques sous un nouvel angle. Fidèle à ses obsessions cristallisées en quelque sorte dans l'esclavage de l'homme par la société industrielle, Frank abandonne ses expérimentations électroniques, cold wave ou indus pour se muer en folk-singer. Rien de moins.

Tyranny And The Hired Hand est en effet un album de reprises, essentiellement acoustiques, de protest songs et de labour songs. Chansons de mineurs, d'ouvriers des filatures, chansons de folklore, dont certaines figuraient déjà aux répertoires de quelques obscurs folkeux comme Woodie Guthrie, Bob Dylan ou Johnny Cash. On a les références qu'on peut.

Et réellement Tyranny And The Hired Hand est une réussite. Si l'album démarre en douceur avec '31 Depression Blues ou Hard Times In The Cotton Mill traitées de façon traditionnelle, la tension monte clairement à partir de John Henry pour un premier sommet atteint avec The Blantyre Explosion sur laquelle le timbre de voix de Frank fait des merveilles. La deuxième partie du disque enchaine les morceaux de bravoure avec l'éternel Sixteen Tons,  un impressionnant Buffalo Skinners, pour finir sur un dylanien Joe Hill.

Mais la plus grosse surprise vient certainement de cette reprise de Men of Good Fortune qui, au premier abord, paraît déplacée dans cette liste et qui pourtant y trouve logiquement sa place, sujet oblige. Il est étonnant de constater comme la voix de Tovey sur ce morceau est proche de celle du Lou Reed de Berlin. J'avais croisé le fantôme de Tovey sur le dernier album de John Cale, voici une nouvelle connexion velvetienne inattendue.

1. '31 Depression Blues
2. Hard Times in the Cotton Mill
3. John Henry / Let Your Hammer Ring
5. The Blantyre Explosion
6. Money Cravin' Folks
7. All I Got's Gone
8. Midwife Song
9. Sam Hall
10. Dark as a Dungeon
11. Men of Good Fortune
12. Sixteen Tons
13. North Country Blues
14. Buffalo Skinners
15. Black Lung Song
16. Pastures of Plenty
17. Joe Hill

samedi 13 octobre 2012

Fad Gadget - Fireside Favourite [1980]



Peut-on sérieusement croire aux fantômes ? Définitivement non, sauf à aimer passer pour le neuneu de service, le gogo prêt à gober toutes les fariboles. Et pourtant des fantômes il m'arrive d'en croiser. Mais attention, les miens ont eu une classe folle. Pas de drap blanc ridicule avec des trous pour les yeux, pas des spectres qui traversent les murs et viennent vous effrayer nuitamment. Non mes fantômes à moi sont de purs esprits, invisibles mais sonores. Qui plus est, musicalement ils sont d'un goût exquis et ont marqué l'histoire à leur façon.

Je les croise de temps en temps au hasard d'un disque, au détour d'un morceau, une voix, une ambiance, un son me rappellent furtivement les démons de Jeffrey Lee Pierce, les angoisses de Ian Curtis, ou la rage de Strummer. D'ailleurs j'en ai croisé  récemment des fantômes. J'écoutais le nouvel album de John Cale, que je n'hésite pas à qualifier d'excellent, dont les rythmes et les sonorités m'ont par moment transporté 30 ans en arrière. Si Hemingway fait resurgir le chant grave de Ian Curtis, chaque écoute de Scotland Yard me confirme que ce morceau est habité par l'esprit de Frank Tovey.

Quand en 1980 New Order en deuil s'enlisait dans une musique synthétique à laquelle je n'ai jamais accroché, Fad Gadget déboulait sur la scène post-punk. Basse en avant, rythmique percutante volontiers  synthétique et bruitages électroniques, Frank Tovey avait trouvé le parfait laboratoire pour ses expérimentations sonores au service d'une âme torturée mais toujours prête à sublimer ses angoisses. Au fil d'une courte carrière, débutée en 79 et achevée en 84, Fad Gadget a produit 4 albums et nombre de singles sans jamais se répéter. Le groupe a  finalement connu un succès commercial avec un extrait de Gag, leur dernier album : Collapsing New People. Clin d’œil du destin puisque ce titre, certes à la rythmique plus dance, était enregistré avec les musiciens de Einstürzende Neubauten - en anglais Collapsing New Buildings - et que la rencontre entre la cold wave anglaise et la musique industrielle allemande ne présageait pas d'un succès commercial.

Mais si la reconnaissance vient tardivement avec le dernier album, c'est bien le premier qui est pour moi la plus grande réussite de Fad Gadget. De Fireside Favourites je n'écarterais aucun titre, chacun apportant sa pierre à un édifice exorcisant les angoisses de Tovey et son incompatibilité avec le monde qui l'entoure. De l'oppressant State of a nation au claustrophobe The Box en passant par le voyeurisme sordide et obscène de Newsreel, Tovey dévoile une personnalité tellement proche de celle de Curtis qu'elle ne pouvait que me toucher.

Frank Tovey est décédé en 2002, mais il nous a laissé Fad Gadget, quelques albums solos et une empreinte indélébile. Son fantôme hante encore parfois la musique.

Till

1. Pedestrian
2. State Of The Nation
3. Salt Lake City Sunday
4. Coitus Interruptus
5. Fireside Favourite
6. Newsreel
7. Insecticide
8. The Box
9. Arch Of The Aorta


ZS

mardi 9 octobre 2012

The Briefs - Sex Objects [2004]





Punk's Not Dead hurlait en 1981 Wattie, le très fin chanteur de The Exploited, à l'unisson des autres punks de la deuxième, troisième ou quatrième génération qui avaient raté la grande vague de 76.

Punk's Not Dead nous répète t-on régulièrement, à chaque fois qu'un nouveau groupe punk pointe le bout de la crête dans le paysage musical.

Punk's Not Dead : pourtant l'adage se vérifie ici - une fois n'est pas coutume -  avec ce petit groupe sympathique, qui malgré ses origines américaines produit un son plutôt britannique, qui évoque plus les ambiances brouillard / Guinness/ Fish'n Chips sur Portobello Road que le soleil et les plages californiennes de tous ces groupes pseudo-punks pour surfers boutonneux qu'on tente régulièrement de nous vendre comme la nouvelle vague du punk-rock.
Coté son c'est donc plutôt dans l'esprit old school, coté paroles, le flambeau des groupes contestataires d'antan est bien entretenu et brûle toujours haut et fort. Des titres comme Destroy The USA, No more Presidents ou My Girlfriend is a communist décrivent assez bien l'état d'esprit de la bande.

Ces quatre enragés de Seattle, qui n'hésitent pas à l'occasion à tester le costume-cravate sur scène, maîtrisent les compos et la guitare à deux cordes sur le bout du doigt. Mélodies bien troussées, refrains accrocheurs et riffs réjouissants, pas étonnant qu'on les compare souvent aux Buzzcocks. Enfin pour ce qui est du rythme, rien à envier aux anciens: tempo speedé, morceaux rarement au-delà des 3 minutes, l'ensemble de l'album est expédié en 32 minutes. Briefs mais efficace.

Till

PS : Pour ceux qui aiment j'ai aussi les albums Steal yer heart et Hit After Hit. Suffit de demander.

01. Orange Alert
02. Halfsize Girl
03. Destroy the USA
04. Ephedrine Blue
05. So Stupid
06. Sex Objects
07. Killed by Ants
08. No More Presidents
09. Shoplifting at Macy's
10. Mystery Pill
11. Sally I Can't Go to the Beach
12. Antisocial
13. Vitamin Bomb
14. Life Styles of the Truly Lazy

ZS

jeudi 4 octobre 2012

Les Touffes Krétiennes - Crazy Punk Brass Band [2005]




A la demande de Jimmy, suite au post des Quelques Fiers Mongols, voici l'album de Les Touffes Krétiennes, une fanfare pas très catholique. Pas tout à fait Brass Band puisqu'ils intègrent guitare et batterie, Les Touffes Krétiennes est une fanfare à géométrie variable, en ce sens que les membres tournent en fonction des disponibilités de chacun. Le tout dans un état d'esprit collectif immuable. Tous à peu près sont issus de la scène françaises du début des années 2000 : Les Hurlements d'Leo, Les Ogres de Barbak, Les Fils de Teupuh, Babylon Circus et autres. Désolé pour ceux que j'oublie de citer.


Là où les Fiers Mongols choisissent de revisiter le répertoire Zeppelinien, Les Touffes préfèrent axer ce premier album sur des compositions tantôt d'inspiration ska hispanisant flirtant parfois avec le jazz comme pouvait le faire le ska roots, tantôt franchement musique de fanfare à l'image du formidable Galerman ou de Fainéant. Ce qui ne les empêche pas de s'autoriser deux belles reprises de morceaux inoubliables : Guns of Brixton formidable reggae de Clash écrit par Paul Simonon et le nom moins fantastique You Really Got Me des Kinks. Rien que ça. Cette dernière reprise commence curieusement par un cri : The KKK took my baby away hommage rapide aux Ramones, dont je serais curieux d'entendre une reprise par Les Touffes.

Dernière curiosité, le morceau final est un dub, pour le coup franchement dub et pas du tout fanfare. Mais pourquoi pas.

Till

1. Shalala
2. Pamella
3. Tokyo
4. Gun's Of Brixton
5. You Really Got Me
6. Monkey
7. Galerman
8. Faineant
9. The Yack (Live In Barcelona)
10. Cugmao Dub Remix

ZS

Imelda May - Mayhem [2010 - 2012]






Ce post a été supprimé par la Blogger Team. Il parait que dire du bien d'un disque et encourager les gens à l'acheter fait du tort aux ayant-droits. Je le note.

Till

lundi 1 octobre 2012

Quelques Fiers Mongols - II [2006]



Après deux semaines intenses consacrées au Grand Jeu voici une petite respiration histoire de reprendre son souffle. Parce que du souffle il en faut incontestablement pour cet album de Quelques Fiers Mongols.

Le principe du truc c'est une fanfare - ici une petite, réduite à cinq musiciens - qui reprend des morceaux de Led Zep.  Iconoclaste au possible et avouez que jouer du Led Zep avec seulement des cuivres ça ne manque pas d'air.

Les Zeppelinophiles intégristes à la Page qui ne supportent pas qu'on piétine leurs Plant riront sûrement Jones. Mais la bonne âme - oui là j'ai hésité - qui prêtera l'oreille à ce disque trouvera un certain plaisir, ou au moins un amusement à ce détournement réjouissant.

C'est dans le même esprit que Crazy Punk Brass Band, l'album que Les Touffes Krétiennes avaient consacré à des reprises tout aussi iconoclastes dont Clash et Kinks, entre autres, avaient fait les frais. Frais comme la bouffée d'air qu'on respire à l'écoute de ce disque et de sa façon de revisiter des standards.

Ce n'est pas un disque à couper le souffle, juste une respiration au milieu d'un vent de folie.

Till

01. Immigrant song
02. Heartbreaker
03. Dazed and confused
04. The wanton song
05. Kashmir
06. Dancing days
07. Moby dick
08. In my time of dying
09. The océan
10. Wah wah


ZS

samedi 29 septembre 2012

Dusminguet - Fela - Mama Rosin

Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème #7 - LA GRANDE VADROUILLE (De la musique voyageuse)



Dans un pub enfumé Dr Feelgood s'agite sur scène. Bières, clopes et Wilko. Très vite l'ambiance change, le cadre aussi. Pistols au 100 Club, Siouxsie à l'Hammersmith Odeon, les Stranglers à Battersea, Clash et les autres. D'un saut de puce on change de ville, on rejoint les Buzzcocks à Bolton puis Manchester. Hypnotisé par un gamin de Macclesfield.

La mer d'Irlande se franchit d'un pas. De Derry à Cork, sur les pas de Stiff Little Fingers, Undertones, Killing Joke puis les Pogues. Mais on ne visite pas l'Irlande sans passer ses soirées dans les pubs. Tin whistle, fiddle, bodhran et banjo se retrouvent dans un coin, la fête dure longtemps. L'amertume de la Guinness se mêle à celle de ne pas avoir appris la musique pour rejoindre cette spontanéité.

Nouveau chemin, nouvelles découvertes, l'underground Berlinois des années 80. On y croise les groupes locaux, Malaria!, Neubauten et les autres. Der Himmel Uber Berlin. Au détour d'un hangar Nick Cave. Un voyageur lui aussi. Australie, Allemagne, Brésil, Angleterre. J'irai moins vite que lui, je suis à distance. L'Europe déjà, beaucoup à faire. Des groupes punks russes d'une URSS agonisante à ceux de la Finlande et la Suède, exotisme assuré, musique des langues. Mecano, The Ex en Hollande, Tuxedomoon, TC Matic et Arno en Belgique. Avec Minimal Compact déjà des connexions vers d'autres continents. Brel m'avait déjà raconté une autre Belgique.

Plongée au sud, l'Espagne, le Pays Basque. Kortatu se déchaîne, Muguruza indispensable. Negu Goriak, Skunk et tant d'autres. Catalogne, Manu Chao, Amparanoia, Wagner Pa le brésilien. Avec Dusminguet la musique part dans toutes les directions, dans une latinité qui m'est pourtant étrangère et dans une fête permanente. C'est l'explosion vers Cuba, l'Amérique du Sud, le Proche-Orient. On y reviendra.

L'Europe centrale, l'âme slave de Boris. Par voie fluviale, Rhin, Danube et la Vtlava de Smetana. Dvorak m'entraîne en Amérique, d'autres le feront après lui, Gogol Bordello, Balkan Beat Box, Kusturica. En Amérique tout est trop grand, y compris le choix. Groupes punks québécois improbables, Lhasa, Les Georges Leningrad et récemment Lisa LeBlanc chez La Rouge. Bien sûr New-York, le CBGB, Les Ramones, Patti, les Dolls, Television. Evidemment Cleveland, Detroit, Chicago, NewOrleans, le Delta. Passage obligé par Ann Harbor. La traversée des USA, on pourrait en parler des heures. Marcher dans les pas d'Harry Dean Stanton, Paris Texas, Ry Cooder qui m'emmènera à Cuba. Traquer les fantômes de Jeffrey Lee Pierce, croiser la folie des Cramps au Napa Hospital, la fureur de Jello à LA.

Tout proche le Mexique. Los De Abajo, David Byrne qui produit pour le label Luaka Bop. Grand explorateur lui aussi. De là je devine tout le continent sud-américain encore peu exploré. La multitude des musiciens brésiliens, Flor del Fango en Argentine. Et Cuba. Un verre de rhum, un cigare, n'ayons pas peur des clichés, et Compay, Ibrahim, Eliades sur scène. . Et leurs successeurs, Raul Paz, Kumar, P18, Orishas, qui mélangent  El son cubano au rap et aux sons électros. Cuba et ses racines. Espagne et Afrique noire.

De Cuba on aperçoit les rivages enfumés de la Jamaïque. Une façon de presque boucler la boucle tant reggae et ska auront scandé mon parcours, tant les liens avec l'Angleterre des débuts sont ténus. Lee Scratch Perry de ce côté, Linton Kwesi Johnson de l'autre. Laurel Aitken et Skatellites, Specials et Selecter. Et les catalyseurs, les fusionneurs, Clash, Ruts.Two tones, noir et blanc. L'Angleterre et l'Afrique comme Cuba.

Aborder l'Afrique, d'autres l'ont fait plus profondément. Moi j'y ai goûter comme ça, par petits bouts. Youssou N'Dour, Salif Keita, Dibango, Alpha Blondy, Tikken Jah. Cesaria Evora beaucoup. Et Fela. Fela et ses engagements. Fela et sa musique de toutes les négritudes. Fela et ses symphonies africaines. High Life, Afrobeat.

L'Asie à peine entrevue. Des rockeuses japonaises, Jah Wobble avec des musiciens laotiens ou une chanteuse ouzbèque. Gorillaz et un groupe de musique traditionnelle syrienne.

Du Rhin de Wagner à l'Indus de Throbbng Gristle, les fleuves grondent, le rock roule, le jazz cool. De la musique voyageuse ? Le contraire existe ?



Dusminguet - Postrof [2001]





Dusminguet ne connait pas de frontières. Ces Catalans déchainés explorent tout des musiques latines, arabes, du Proche-Orient ou d'Europe centrale. Des allumés qui renversent les barrières pour une fiesta sans fin. De la world music sans caution morale, juste le plaisir des musiques. Leur trilogie Vafalungo - Postrof - Go ! est un must du genre.

Postrof





Fela Kuti & Egypt 80 - Original Sufferhead / ITT



Réédition CD de 2001 regroupant deux albums. C'est avec ITT / Colonial Mentality que j'ai découvert Fela il y a 25 ans.

Fela


Mama Rosin - Brûle Lentement [2009]



Derrière cette improbable pochette velvetienne trop mûre se cache un groupe tout aussi improbable. Un trio suisse qui fait de la musique cajun. Le genre est bien sûr revisité, mélangé à des influences rythm'n blues et caraïbes. Amateurs d'étiquettes, allons-y pour le punk-cajun.

Mama Rosin

jeudi 27 septembre 2012

Schubert - Trio #2 in E Flat Op.100 - The Mozartean Players




Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème #6 - AIMEZ-VOUS BRAHMS...Harr! La mouzik classickeu...


Installé à une table de jeu, Redmond Barry fait face à Lady Lyndon. Jeu de regards, face à face, séduction.

Andante Con Moto. Le piano et le violoncelle se cherchent, se croisent. L'un est rythmique quand l'autre est mélodique. Et puis les rôles s'inversent.

Aucun mot échangé. Un léger mouvement des lèvres, des regards détournés qui se cherchent et s'évitent. Plans croisés, Barry, Lady Lyndon, la caméra passe de l'un à l'autre, dialogue silencieux. Lady Lyndon se lève et s'éloigne. La caméra fixe le visage de Barry qui la suit du regard.

Piano et violoncelle se cherchent et se fuient, s'éloignent du thème pour y revenir inexorablement. Témoin de ce jeu de séduction le violon vogue de l'un à l'autre, rejoint le piano, retrouve le violoncelle.

Lady Lyndon est seule à l'extérieur. Barry entre dans le champ de la caméra. Dans un étirement interminable du temps elle se retourne et lui fait face. Il prend lentement ses mains, les bouches se rapprochent.

Le violoncelle a réaffirmé sa présence, repris le thème principal, le piano le rejoint. La tension prend de la consistance, devient palpable. Quand les deux personnages s'embrassent les deux instruments sont enfin unis sur le thème pour le finale du mouvement.



Le dernier mouvement du Trio, l'Allegro Moderato a été raccourci de deux fois 50 mesures + une reprise par Schubert dans la version éditée. Peut-être pour rentrer dans les formats de diffusion des télévisions américaines. Plus probablement par complaisance, pour proposer des exécutions plus courtes. Les Mozarteans Players ont choisi de proposer en bonus sur ce CD la version manuscrite de l'Allegro telle que Schubert l'avait composée initialement, avec les 100 mesures supplémentaires mais sans la reprise. Je crois, mais je mets de grosse réserves, qu'un des passage coupés superpose le thème de l'Allegro à celui du second mouvement, l'Andante de Barry Lyndon donc, privant la version coupée d'une partie de la cohérence de l'oeuvre.
J'attends impatiemment l'éclairage de Pascal Georges sur ce coup-là.


The Mozartean Players :

Steven Lubin : Piano
Stanley Richie : Violon
Myron Lutzkz : Violoncelle

1. Allegro
2. Andante Con Moto
3. Scherzando
4. Allegro Moderato (Published Version)
5. Allegro Moderato (Uncut Manuscript Version)


ZS

lundi 24 septembre 2012

Rocket From The Tombs - Rocket Redux [1975 / 2004]






Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 5 - AU HASARD, BALTHAZAR !
Un album choisi au hasard dans votre collection, sans tricher SVP !



Le hasard n'existe pas, l'accident survenu devait survenir. Et je le prouve.

C'est complètement par hasard que Dave Thomas se trouvait à Cleveland en 1974, lui qui était né à Miami 23 ans plus tôt. Par hasard il rencontra Peter Laughner, encore entier, qui venait de créer Rocket From The Tombs avec Cheetah Chrome et Johnny Blitz. Un pur hasard.

Par le plus grand des hasards Dave Thomas intégra le groupe où son chant hasardeux se fit très vite remarquer. Par hasard et parthénogénèse Rocket From The Tombs se scinda rapidement en deux groupes après avoir composé quelques morceaux d'anthologie. Pere Ubu et The Dead Boys étaient nés un peu par hasard.

Sonic Reducer, Final Solution, Ain't if fun, 30 seconds over Tokyo et d'autres morceaux furent partagés entre les divorcés de Cleveland. Cheetah Chrome et Johnny Blitz récupérèrent Stiv Bators au hasard de soirées alcoolisées, Dave Thomas vira rapidement Peter Laughner qui mourut dans les bras, ou presque, de Lester Bangs peu de temps après.

Reste que des années plus tard un archéologue trouva par hasard les enregistrements jamais publiés de Rocket From The Tombs.
Reste que tous ces morceaux ont finalement été édités par Smog Veil en 2004.
Reste que je suis moi-même tombé dessus il y a quelques années au hasard de recherches sur le web.
Reste que ce disque est la génèse de Pere Ubu, qu'on y trouve la vraie version de Final Solution et des autres.
Reste que ce disque est une merveille. Et ça ne peut pas être un hasard, le hasard n'existe pas.

Till


PS : RFTT se sont reformés dans les années 2000, ont sorti une série d'albums que je n'ai jamais écoutés, et tournent régulièrement. Ils sont moins jeunes, moins beaux et Peter Laughner est mort.

PS2 : Je ne peux toujours rien contre les captchas, j'attends les clefs du blog. Désolé.


01 Frustration
02 So Cold
03 What Love Is
04 Ain't It Fun
05 Muckraker
06 30 Seconds Over Tokyo
07 Sonic Reducer
08 Never Gonna Kill Myself Again
09 Amphetamine
10 Down In Flames
11 Final Solution RFTT
12 Life Stinks


ZS

dimanche 23 septembre 2012

The Lounge Lizards [1981]




Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 4 - PLAYTIME - Faut qu'ça joue, man.

Acte 1.
Scène 1 : 1985. Coiffé d'un trilby noir il incarne un new-yorkais d'origine hongroise. Aussi peu loquace que le film, John Lurie irradie de la présence Stranger than paradise de Jarmusch. Le noir et blanc colle à merveille à sa grande silhouette dégingandée.

Scène 2 : 1986. Jarmusch encore.  Roberto Benigni gesticule tout au long de Down by law. Tom Waits a composé une musique sublime et joue en retrait de Benigni. Toujours aussi discret, John Lurie impose encore sa présence et son regard.

Scène 3 : 1981. Déjà Jarmusch. Permanent Vacation montre un saxophoniste jouer au coin d'une rue. John Lurie est dans son élément.

Acte 2.
Scène 1 : 1982. La scène est celle du théâtre municipal de Vienne (Isère). Théâtre du XVIIIème siècle, salle à l'italienne, drôle d'endroit pour un concert. C'est pourtant là que The Lounge Lizards sont installés, un peu à l'étroit, pour un concert de la tournée qui suit la sortie de leur premier album.

Scène 2 : Flashback, un an plus tôt. Par quel hasard j'ai découvert ce disque ? Une émission de France Inter sûrement. Bernard Lenoir ou Blanc-Francard. Plutôt Blanc-Francard dans Loup-Garou. J'ai tout de suite aimé ça. Pas du tout amateur de jazz pourtant mais là le gros coup de coeur. Peut-être que ça n'est pas du jazz tout simplement. On peut rire en voyant toutes les étiquettes collées à ce groupe : Jazz Punk, Jazz parodique et même Free jazz. Si, si, je l'ai lu. Probablement à cause des dérapages, grincements et bruitages de la guitare d'Arto Lindsay. Peut-être à cause de la reprise d'Epistrophy de Monk. Je laisse le débat aux spécialistes, moi j'aime ça et je me fais plaisir. John Lurie, Arto Linday envoient leur jazz finalement pas très éloigné de la no-wave new-yorkaise et d'un James Chance qu'ils ont forcément croisé

Acte 3.
Scène 1 : 2012. Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques
Faut qu'ça joue man ! Alors Lurie acteur, Lurie saxophoniste, Lurie qui revisite des standards. Ca joue man ?

Till


Incident On South Street
Harlem Nocturne (Earle Hagen)
Do The Wrong Thing (John Lurie, Steve Piccolo)
Au Contraire Arto
Well You Needn't (Thelonious Monk)
Ballad
Wangling
Conquest Of Rar (John Lurie, Evan Lurie, Anton Fier)
Demented
I Remember Coney Island
Fatty Walks
Epistrophy (Thelonious Monk, Kenneth Clarke)
You Haunt Me




ZS

vendredi 21 septembre 2012

Coil - Scatology [1984]


Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 3 : 3 - LA BEAUTE DU DIABLE (De la musique qui fait peur et qu'on aime ça)


De la musique qui fait peur, un thème étonnant. A la première lecture je ne voyais pas quoi raccrocher à ce thème. Alors biaiser, contourner, détourner ? En fait non. J'ai plutôt envie de remercier Mister Moods puisque son thème me permet de proposer Scatology qui s'est rapidement imposé comme une évidence.

Au début des années 80 on est en plein dans l'explosion de la musique dite industrielle. Throbbing Gristle puis Psychic TV avaient ouvert la voie avant que des Einstürzende Neubauten, SPK, Cabaret Voltaire et autres Test Dept. ne l'emprunte. Sans vouloir faire étalage de mon CAP de sociologie appliquée, comment ne pas se rappeler qu'à cette époque nos belles sociétés occidentales venaient de prendre en pleine tronche un choc pétrolier dévastateur et de découvrir que les 30 glorieuses étaient derrière elles, que le capitalisme n'était pas le rêve qu'on voulait bien nous vendre mais qu'il savait, sans se forcer, créer sa part de misère. Si c'est dans la merde que poussent les plus belles fleurs, c'est aussi de ce marasme sociétal que sont nés la musique industrielle et les genres apparentés qu'on appelle cold-wave ou post-punk.

Jhonn Balance et "Sleazy" Peter Christopherson, transfuges de Psychic TV, créent Coil et sortent Scatology en 1984. Pour moi c'est une claque. Moins bruitistes que Throbbing Gristle, plus musicaux - ou en tout cas différemment - que Neubauten, Coil balance une musique qui oscille entre l'invitation au suicide et la torture psychologique. De l'Ubu Noir initial au Cathedral In Flames final - dans la version vinyle d'origine - tout est sombre, désespéré, souvent violent et agressif. Mais tout y est beau, poignant, sublime. Le disque entier se prête à l'oxymore : beauté terrifiante, sublime torture,atrocité magnifique. La Beautiful downgrade chère à Bauhaus à la même époque.

La terreur diffuse de Tenderness Of Wolves où Gavin Friday vient prêter sa voix dont le timbre si particulier n'a peut-être jamais si bien collé à la musique, les percussions tribales et les scansions démentes de The Spoiler, la chevauchée hyper-aigüe et hallucinatoire de Clap, les hurlements de foules fanatiques de Godhead=Deathead, les rythmes martiaux de Solar Lodge, tout n'est qu'agression des sens, visions démentes et promesses d'Apocalypse. C'est beau, terrifiant, sublime, épuisant, atroce et magnifique. Si j'osais une comparaison avec la peinture je dirais que Scatology est l'équivalent d'un Jugement Dernier avec pesée des âmes et monstres prêts à engloutir le pécheur égaré. Probablement le disque préféré de Jerôme Bosch.

Un mot sur les bonus du CD, parfaitement au diapason de l'édition originale. Restless Day, qui contrairement à ce que laisse penser son titre, propose une respiration judicieusement placée au milieu du disque. The Wheel morceau caché aux confins du CD, Aqua Regis rallongé par rapport au vinyle et surtout la reprise de Tainted Love/i>. Loin de la version new-wave dansante de Soft Cell trois ans plus tôt, Coil en propose ici une lecture suffocante et agonisante en réaction à l'épidémie galopante du SIDA. Si je ne m'abuse, ils ont invité Marc Almond à réinterprêter le morceau de Gloria Jones avec eux.

Pour revenir au titre du thème, La beauté du Diable, si j'avais une once de croyance religieuse, je qualifierais peut-être ce disque de diabolique. Loin des artifices Grand Guignolesques d'un Marylin Manson, dont on peut d'ailleurs comparer la reprise de Tainted love à celle qui clôture (presque) Scatology, Coil distille son anti-religiosité comme le serpent du jardin d'Eden répand son venin. Il y a bien longtemps que j'ai cédé à la tentation.

Till


01 Ubu Noir
02 Panic
03 At The Heart Of It All
04 Tenderness Of Wolves
05 The Spoiler
06 Clap
07 Restless Day
08 Aqua Regis
09 Solar Lodge
10 The S.W.B.P. (Sewage Worker's Birthday Party)
11 Godhead=Deathead
12 Cathedral in Flames
13 Tainted Love
14 The Wheel (hidden track)



ZS

mercredi 19 septembre 2012

Imelda May - Love Tattoo [2008]


Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 2 : 2 - UNE AFFAIRE DE FEMMES (Musique au féminin)



La salle est toujours plongée dans l'obscurité et le brouhaha augmente de minute en minute. C'est pas encore l'heure mais une partie du public commence déjà à s'impatienter. Rien à faire en attendant, à part siroter ma bière à petites gorgées. On ne peut plus fumer dans les salles de concerts, et j'ai la flemme de sortir dans l'enclos réservé. De toute façon ça fait vingt ans que je ne fume plus et jen'ai aucune envie d'aller me les geler dehors. Alors je patiente. Je me colle contre un mur et je ferme les yeux.

Des héroines rock j'en ai eu quelques-unes depuis que j'écoute de la musique. Différentes suivant les époques, suivant les goûts du moment. Elles s'appelaient Nina, Siouxsie, Lena. Elles étaient chouettes ces années-là. On inventait tout, même ce qui existait déjà. Marianne, Nico, Patti. Plus tard celles-là. Il avait d'abord fallu digérer toutes ces années... punk, ou un truc comme ça.

Le bruit grandit et me fait ouvrir les yeux. Je comprends que les musicos ont fait leur entrée sur scène. Pas elle. Elle a décidé de se faire attendre. Pas de souci on a l'habitude, t'es pas la première à attaquer un set en retard. Je me souviens aussi de ces groupes de filles qui nous filaient des frissons. Vice Squad, The Slits, Malaria ! Impossible de me souvenir du nom des filles si je les ai un jour connus. Ah si, Viv Albertine. Les souvenirs s'enchaînent, me revient la voix de Poly Styrene de X-Ray Spex. Marrant de retrouver ça. Et les chanteuses à choucroute des B52's.

Ca bouge sur scène. Pas encore de lumière mais on voit bien qu'elle est là. Je devine déjà sa mèche retroussée au-dessus du front et sa robe résolument retro. Délicieusement rétro. Ressortir les racines rock and rolliennes en 2008 fallait oser. Ca y est la contrebasse attaque Johnny Got A Boom Boom. Le mec claque déjà furieusement ses cordes. Elle me fait marrer avec son tambourin trop grand mais dès qu'elle chante c'est le frisson. En dix secondes la salle est en transe. Et moi avec. Tout le monde saute sur place, c'est la grande communion des secoueurs de guiboles.  Saute en l'air, retombe par terre, dans une cascade de sueur. Big Bad Handsome Man, je n'ai plus de souffle.

Heureusement pour ma santé elle ménage des pauses avec ses ballades au piano. Chansons d'amour portées par une voix qui donne envie que tout ça ne s'arrête jamais. J'entends Billie, Ella, Wanda. Dire que cette fille n'est même pas américaine. Smokers Song, tant pis pour l'interdiction. Rock, jazz, swing, elle peut mettre tout le monde d'accord. Moi le premier. Sur Watcha Gonna Do c'est obligé je rends l'âme. Scotché, lessivé, vidé. Un film de Tarantino me crachent ses décibels en direct dans le cerveau, les trompettes explosent, mes neurones avec. Direction les urgences.

Ici les Urgences, qu'est-ce qui vous arrive ? Il faut que j'écoute l'album d'Imelda May. De toute urgence.

Till

01. Johnny Got A Boom Boom
02. Feel Me
03. Knock 123
04. Wild About My Lovin
05. Big Bad Handsome Man
06. Love Tattoo
07. Meet You At The Moon
08. Smokers' Song
09. Smotherin' Me
10. Falling In Love With You Again
11. It's Your Voodoo Working
12. Watcha Gonna Do

ZS

lundi 17 septembre 2012

Joe Strummer & The Mescaleros - Global A Go-Go [2001]





Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 1 : QUE LA FETE COMMENCE ! (Un must pour commencer... Lâchez-vous !)




Ca commence bien. Premier thème et déjà des états d'âme. Que le fête commence...Alors quoi ? De la musique festive ? De celle qui vous donne une foutue envie de remuer les jambes et de vous mêler à une foule sautillante et trépidante, toute entière tournée vers le même besoin de célébrer la vie ou, plus modestement, le plaisir d'être ensemble et de se dire que c'est déjà un beau cadeau ?

Mais après tout la musique est toujours festive pour peu qu'elle vous prenne aux tripes et vous remue la boîte à émotions. Alors le thème ? Vas-y, lis jusqu'au bout. Un must pour commencer. C'est quoi un must ? Réfléchissons...Imaginons un groupe, un chanteur, une chanteuse, une idée, un album qui nous accompagne depuis longtemps, depuis toujours. On l'a laissé de côté un moment, on lui fait quelques infidélités - pardonnables, il y a tellement trop - mais toujours on reviens vers lui, elle, ça. Comme aimanté. Dans aimanté il y a aimant, aimer, j'aime, nous aimons. Donc on y revient, toujours besoin d'amour. Et au bout de cette réflexion c'est Joe Strummer qui s'impose. Champion du monde, médaille d'or à défaut de disque d'or, universel.

J'ai toujours su que Strummer était immortel. Comme une évidence. Immortel, pas comme un Highlander ridicule, ou un académicien tout vert, limite moisi, mais immmortel comme un bloc de granit qui était là avant et qui sera là après. Un repère, un phare qui sauve le navigateur perdu. Au moment de se noyer dans un océan de musiques, submergé par les nouvelles vagues successives, à l'instant de la suffocation, de la dernière bouffée d'air, de l'engorgement des tympans, les images défilent, on fait le point une dernière fois et il est là. Le repère, le phare. Et on rattrape le fil. Le fil d'Arianne, la corde qui nous sort la tête de l'eau.

Parce que Joe Strummer c'est une longue histoire d'aimant. Joe Strummer qui rock'n'roll et qui connait les anciens. Joe Strummer qui avec une poignée de morveux hurle la rage d'une génération. Joe Strummer qui sait déjà que pour respirer et vivre, sa musique doit chercher ailleurs, partout, s'enrichir de toutes les cultures et fouiller leur âme. Joe Strummer qui traverse discrètement des années de musiques de films et d'émissions de radio. Joe Strummer qui ressurgit plus inspiré que jamais à la tête des Mescaleros. Et qui après un coup d'essai sort Global A Go-Go. Un coup de maître.

Global A Go-Go c'est l'album qui réussit l'amalgame de toutes les musiques qui le font respirer, l'alchimie des genres. Strummer transforme en pépites toutes ses rencontres musicales. Il cuisine les recettes indiennes et pakis et s'invite aux fêtes latinas, parcoure la bande FM mondiale et joue au Mah-Jong dans un fast-food chinois. Il saupoudre discrètement d'épices africaines, pimente parfois d'une basse funk, relève d'un soupçon de guitare latine et ou adoucit d'un folk apaisant. Global A Go-Go est l'oeuvre d'un Strummer apaisé et mature, d'un homme qui sait d'où il vient et sait où il va, qui suit son chemin avec sérénité. Pour autant, le regard qu'il jette sur le monde n'est ni sombremment désespéré ni naïvement idéaliste. Son oeil est triste et réaliste, pourtant il garde espoir en l'humanité et dégage une forme de sagesse, celle que confère l'expérience.

Nul doute que Strummer avait encore beaucoup à donner à la musique. J'en veux pour preuve les quelques perles qui figurent sur Street Core, l'album posthume. Mais celui-ci souffrait d'un manque de finition. Non,  le vrai testament c'est bel et bien Global A Go-Go. John Graham Mellor est mort en décembre 2002. Joe Strummer, lui, est immortel.

Till



01 - Johnny Appleseed – 4:03
02 - Cool 'n' Out – 4:22
03 - Global a Go-Go – 5:55
04 - Bhindi Bhagee – 5:47
05 - Gamma Ray – 6:58
06 - Mega Bottle Ride – 3:33
07 - Shaktar Donetsk – 5:57
08 - Mondo Bongo – 6:14
09 - Bummed Out City – 5:33
10 - At the Border, Guy – 7:08
11 - Minstrel Boy (traditionnel) – 17:53




ZS

mercredi 12 septembre 2012

Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques (Quatrième Edition)


Pour une rentrée musicale réussie, Jimmy JIMMEREENO, auteur de l'excellent blog le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr propose la quatrième édition de son Grand Jeu Interblog. Plus fort qu'Interville et ses vachettes, le Grand Jeu Des Blogueurs est cette fois animé par Mister Moods du blog lanneedudragon.blogspot.fr qui a concocté les thèmes.
Branchez-vous sur les blogs participants à partir du 19 septembre pour découvrir comment chacun répond aux thèmes imposés.
Ci-dessous un copier/coller du message de Jimmy.
Till

"La rentrée vous rend morose ? Le Club Des Mangeurs De Disques a ce qu'il vous faut : ni plus ni moins que la quatrième édition du Grand jeu ! Cette fois, c'est Mister Moods de L'Année Du Dragon qui a concocté les thèmes, j'espère que vous apprécierez. Comme à l'habitude, vous les recevrez dès que votre inscription sera validée.
Pour les nouveaux venus, voici de quoi il s'agit : rien de compliqué, il suffit simplement d'avoir un blog (ou d'être hébergé chez un ami) et de poster, un jour sur deux, un album selon un thème imposé. Il n'y rien a gagner - sauf l'estime des plus grands blogueurs de la planète !
J'espère que vous serez nombreux à nous rejoindre et que nous nous amuserons autant que lors des trois précédentes éditions. J'attends vos inscriptions à l'adresse du Club.
Jimmy JIMMEREENO"



Et les participants :

C'est avec une joie non dissimulée que je vous livre la liste des participants. Nous en sommes donc à la quatrième édition et votre enthousiasme de faiblit pas. Si je déplore l'absence des amis Marius et LRRooster pour défendre les couleurs du Canut Brains, je me félicite du retour de l'incandescente La Rouge et de celui sans lequel le Grand Jeu ne serait pas ce qu'il est, j'ai nommé : Jeepeedee. Sinon, les participants historiques vont nous honorer de leur présence, ainsi que deux petits nouveaux. Soyez tous bons et n'oubliez pas d'aller commenter le plus possible chez les copains. Pour avoir une vue d'ensemble de chaque journée, rien n'est plus simple, puisque tous les blogs participants figurent dans la rubrique : Mes Blogs Préférés du Club. 

 Devant - Get Happy!!
http://devantf.blogspot.fr/   
Mister Moods - L'Année Du Dragon
http://lanneedudragon.blogspot.fr/
Jeepeedee - Jeepeedee Rips (Again)
http://jeepeedee.blogspot.fr/
Fracas - Le Blog De Fracas 64
http://fracas64.blogspot.fr/
Till - Le Miel Et Les Oreilles
http://lemieletlesoreilles.blogspot.fr/
Charlu (alias VincenD) - Les Chroniques De Charlu
http://leschroniquesdecharlu.blogspot.fr/
Toorsch - Les Chroniques De Toorsch'
http://toorsch.blogspot.fr/
Pascal Georges - Life Sensations In Music
http://lifesensationsinmusic.blogspot.fr/
La Rouge - Red Rouge Musica
http://redrougemusika.blogspot.fr/
Olivier - Approximative ButFair
http://approxbutfair.wordpress.com/
Jimmy Jimmereeno & Everett W. Gilles & Arewenotmen? & Sorgual - Le Club Des Mangeurs De Disques
http://le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr/


lundi 10 septembre 2012

Patti Smith - Banga [2012]






Depuis ses albums des années 70 je n'ai pas suivi la carrière de Patti Smith. Ok, j'ai Trampin', son album de 2004 mais que j'ai très peu écouté. Et puis il y a quelques mois je tombe sur un article parlant de la sortie de Banga. Pourquoi pas ? Peut-être que Patti a toujours la flamme, peut-être que ça vaut le coup de l'écouter, peut-être que je tente l'affaire. Je tente l'affaire.

Banga. Au premier abord je trouve le titre ridicule, probablement influencé par une pub pour une boisson à la con. Heureusement des gens bien informés m'apprennent qu'il s'agit en fait du nom du chien du Maître et Marguerite de Boulgakov. Ok, je ne l'ai pas lu, je suis pardonné ? Merci les gens bien informés.

Tiens, les mêmes gens bien informés me signalent également que le titre This is the girl parle d'Amy Winehouse, que Maria s’intéresse à Maria Schneider et que Nine est consacrée à Johnny Depp qui joue d'ailleurs de la guitare sur le disque. Encore merci les gens.

Et coté musique ? C'est pas l'euphorie électrique, on baigne plutôt dans un registre ballades. L'album commence d'ailleurs sur ce rythme avec Amerigo. Je n'aime pas le deuxième titre April Fool qui m'évoque un tube eighties et ne ressemble pas à Patti Smith. Je trouve. Ça s'améliore ensuite avec Fuji-san - peut-être en rapport avec Fukushima ? - et Banga où on retrouve une Patti plus lyrique et plus rock. Entre temps This is the girl est retournée à la ballade, tout comme Maria ensuite. Et pourquoi pas ?

Je ne vous fais pas le détail de tous les titres, je ne suis pas payé pour ça non plus hein. Ça continue à osciller entre rock et folk mais sans s'attarder sur Philippe Manoeuvre, avant de (presque) finir sur une reprise de After the gold rush de Neil le Jeune. Patti, elle, a vieillit un peu, sa musique s'est calmée, mais ça arrive aux meilleurs. Allez je retourne l'écouter avant de me refaire Horses.

Till



ZS

jeudi 6 septembre 2012

Batlik - L'art des choix [2010]


Pourquoi Batlik ? A priori ce n'est pas mon univers musical. Hé ho Lolo keske tu racontes là ? Oui c'est vrai qu'est-ce que je raconte ? Mon univers musical englobe tous les gens dont la musique me fait quelque chose . Pour ceux qui ne voient pas plus loin que leur écran, désigne une zone de mon anatomie située approximativement entre le bas-ventre et le début de la cage thoracique. L'abdomen, le ventre, le bide, le buffet. Cette zone mystérieuse située juste derrière les tablettes de nutella.

Voilà ! C'est ça la réponse. Pourquoi Batlik ? Parce que sa musique me fait quelque chose . J'ai mis du temps à m'intéresser au monsieur. Quand il s'agit de chanteur français je suis toujours méfiant. Mon drame c'est que je parle le français couramment et que je comprend plutôt bien les paroles. Sauf celles d'Indochine. Donc je me méfie. Un texte qui me gêne, une musique qui fait du sous-Têtes Raides et aussi sec je mets de côté pour écouter plus tard, aux prochaines Calendes grecques. Curieusement je n'ai pas la même réaction avec les étrangers qui chantent en étranger. Mais je sais que c'est idiot.

Donc Batlik c'est venu tardivement. Parce qu'un ami m'a offert L'art des choix. On se connait assez, lui pour savoir que ça me plairait et moi pour savoir que ça me plairait. Et réciproquement. Et donc je l'ai écouté et donc ça m'a plu. Parce que le monsieur écrit bien, parce que sa musique je ne sais pas en parler, parce que son phrasé sacca
dé, où parfois les mots sont reje
tés plus loin accroche mon oreille avec bonheur.

Et puis le monsieur je l'ai vu sur scène depuis. C'était une toute petite salle et ça c'était bien. Ils étaient trois musiciens sur scène avec une bonne ambiance et ça c'était bien. Les instruments n'étaient plus tout à fait les mêmes que sur le disque et ça c'était bien. Il a passé presque autant de temps à discuter avec le public qu'à jouer et ça c'était bien aussi.

Batlik j'aime bien. Batlik travaille en dehors des circuits commerciaux. Disques auto-produits, label indépendant. Batlik ne fait pas de buzz. Batlik est un pur.

Till


01 - sage renoncement 3'06
02 - un bon français 3'14
03 - la main dans le sac 2'46
04 - le mal est fait 3'19
05 - l'effort de soumission 4'18
06 - l'indépendant 2'56
07 - na dé milyons d'années 3'35
08 - l'art des choix 2'59
09 - mauvais homme 3'28
10 - à la ronde 2'09
11 - nuisible retranché 2'42
12 - porte de Clichy 3'36


Batlik (guitare chant)
Jean Marc Pelatan (basse, clarinette)
Seb Brun (batterie)
Nicolas Brûche (trompette)
Julie Rousseau (choeurs)
Hugo Votocek (ingé son)

ZS

mercredi 5 septembre 2012

David Lynch - Crazy Clown Time [2011]



Lynch et la musique ça ne date pas d'hier. Tout petit déjà il composait la chanson de son premier long métrage Eraserhead : Heaven qui fit le bonheur de nombre de groupes post-punk puisqu'elle fut reprise - entre autres - par Bauhaus, Tuxedomoon et Norma Loy. Musicalement c'était assez simple - simpliste ? non je ne l'ai pas dit ! - les paroles minimales et répétitives mais ça collait bien à l'ambiance. Et puis Eraserhead m'a filé une claque, j'en ai encore la trace trente ans après, c'est vous dire.

Heaven donc. Mais pas que. Depuis 30 ans l'homme à la coiffure improbable a participé a plusieurs projets musicaux dont récemment quelques vocaux sur un disque commun de DangerMouse et de Mark Linkous de Sparklehorse si j'en crois Wikipédiatre, ainsi nommé pour ces brillants articles rédigés par la classe de Maternelle Supérieure de l'école "Jules, Luc et Brian Ferry" de St-Pierre-la-Treille sur Baranvon. C'est d'ailleurs dans cette école maternelle, berceau des arts, des chiffres et des lettres qu'Angelo Badalamenti a fait ces études musicales.

Ce qui me ramène à mon sujet puisque Badalamenti - franchement, personne ne s'appelle comme ça - est le co-compositeur de l'Industrial Symphony n°1 - The Dream of the Broken-Hearted. Co-compositeur avec Lynch évidemment, le but de cette pirouette étant de retrouver le fil de ce fil. Un mot quand même sur Badalementi qui comme son nom l'indique est états-unien : au-delà de la méchanceté bête et gratuite du paragraphe précédent, Badalamenti, un vieux complice de Lynch, dont il a composé la musique de plusieurs films, m'a un peu pourri la vision de la série Twin Peaks tellement son générique me donnait des boutons, boutons dont j'ai gardé la trace plusieurs années après, c'est vous dire. Entre la claque et les boutons je suis bientôt mûr pour tourner dans un improbable remake d'Elephant Man. Avis aux producteurs.

Mais je n'en ai pas fini - Ah ? dommage ! - avec les aventures musicales de Lynch, puisque je n'ai pas encore parlé de ses compositions spéciales pour l'exposition consacrée à ses peintures/sculptures à la Fondation Cartier en 2007 :The air is on fire. Ceux qui ont eu la chance - comme moi hin hin - de voir l'expo, se souviennent que l'ambiance était Lynchienne au possible. Cet expo m'a filé un coup sur la tête dont j'ai gardé une bosse plus de 5 ans après, c'est vous dire.

Un saut dans le temps. En octobre 2011, j'attends un Eurostar à destination de Londres quand je passe devant un kiosque à journaux de la gare du Nord et tombe sur un numéro des Inrocks qui fêtaient leur nième anniversaire avec plusieurs Unes différentes. Je ne me suis jamais intéressé à ce magazine mais là la Une qui s'étale devant mes yeux montre une photo de Lynch et me promet une interview passionnante à l'intérieur. Je l'achète donc pour me reposer de la lecture de Eurostar Magazine et me voilà parti pour mon voyage de 2 heures. En réalité bien plus longtemps, parce que le train est tombé en panne après Calais, qu'après une longue attente il a fait marche arrière jusqu'à Calais où après une autre longue attente nous avons embarqué dans un autre train. J'ai donc eu le temps de lire et Les Inrocks et Eurostar Magazine. Après une interview de Philip Roth, je m'attaque donc à celle Lynch où j'apprends qu'il vient de sortir un album d'électro.

[Voix des chœurs antiques] Ah voilà donc où il voulait en venir ! Ouf on va peut-être s'en sortir [/voix des chœurs antiques]

Lynch, album, électro. Etrange association. Ajoutez acheter et on tient une phrase historique. Bref, intrigué et curieux je l'ai acheté, écouté, réécouté et ainsi de suite. Et mis 9 mois pour vous le proposer. Et si musicalement c'est assez étrange et intriguant - le contraire aurait été décevant de sa part - c'est incontestablement Lynchien. Musique sombre, quelques rythmes électro mais pas trop, voix trafiquée, il s'y entend pour nous triturer le cerveau. Soyons honnête, ce n'est pas forcément le disque de l'année (dernière), pas forcément un chef d’œuvre inoubliable, on peut  même trouver certains morceaux un peu risibles mais c'est finalement un truc qui tient la route. N'en déplaise aux Inrocks ce n'est pas un disque électro, c'est même par moments plutôt rock. Ok, je l'écoute beaucoup moins souvent que le dernier Tom Waits acheté en même temps, mais j'éprouve régulièrement un plaisir - pervers ? - certain à le poser sur la platine. Comme quoi je ne regrette pas mes Euros(tar).

Le gros défaut de ce disque c'est que le digipack très soigné - agrémenté de quelques photos qu'on suppose prises par Lynch lui-même - ne fournit pas les substances psychotropes qui aideraient l'auditeur à pleinement se fondre dans l'ambiance du disque. Il faut donc se les procurer par soi-même ce qui engendre des frais supplémentaires. Etant donné la conjoncture actuelle et la crise de la dette de la crise ça ne met pas la musique de David Lynch à la portée de toutes les couilles bourses.

Le saviez-vous ? : David Lynch est un grand timide. Au début du disque on sent qu'il hésite encore à chanter, du coup c'est Karen O, chanteuse des Yeah Yeah Yeahs qui est obligée de s'y coller sur le premier titre très rock.






En bonux, une photo de moi après une claque il y a 30 ans, des boutons il y a 15 ans et un coup sur la tête il y a 5 ans :



Till


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