samedi 13 octobre 2012

Fad Gadget - Fireside Favourite [1980]



Peut-on sérieusement croire aux fantômes ? Définitivement non, sauf à aimer passer pour le neuneu de service, le gogo prêt à gober toutes les fariboles. Et pourtant des fantômes il m'arrive d'en croiser. Mais attention, les miens ont eu une classe folle. Pas de drap blanc ridicule avec des trous pour les yeux, pas des spectres qui traversent les murs et viennent vous effrayer nuitamment. Non mes fantômes à moi sont de purs esprits, invisibles mais sonores. Qui plus est, musicalement ils sont d'un goût exquis et ont marqué l'histoire à leur façon.

Je les croise de temps en temps au hasard d'un disque, au détour d'un morceau, une voix, une ambiance, un son me rappellent furtivement les démons de Jeffrey Lee Pierce, les angoisses de Ian Curtis, ou la rage de Strummer. D'ailleurs j'en ai croisé  récemment des fantômes. J'écoutais le nouvel album de John Cale, que je n'hésite pas à qualifier d'excellent, dont les rythmes et les sonorités m'ont par moment transporté 30 ans en arrière. Si Hemingway fait resurgir le chant grave de Ian Curtis, chaque écoute de Scotland Yard me confirme que ce morceau est habité par l'esprit de Frank Tovey.

Quand en 1980 New Order en deuil s'enlisait dans une musique synthétique à laquelle je n'ai jamais accroché, Fad Gadget déboulait sur la scène post-punk. Basse en avant, rythmique percutante volontiers  synthétique et bruitages électroniques, Frank Tovey avait trouvé le parfait laboratoire pour ses expérimentations sonores au service d'une âme torturée mais toujours prête à sublimer ses angoisses. Au fil d'une courte carrière, débutée en 79 et achevée en 84, Fad Gadget a produit 4 albums et nombre de singles sans jamais se répéter. Le groupe a  finalement connu un succès commercial avec un extrait de Gag, leur dernier album : Collapsing New People. Clin d’œil du destin puisque ce titre, certes à la rythmique plus dance, était enregistré avec les musiciens de Einstürzende Neubauten - en anglais Collapsing New Buildings - et que la rencontre entre la cold wave anglaise et la musique industrielle allemande ne présageait pas d'un succès commercial.

Mais si la reconnaissance vient tardivement avec le dernier album, c'est bien le premier qui est pour moi la plus grande réussite de Fad Gadget. De Fireside Favourites je n'écarterais aucun titre, chacun apportant sa pierre à un édifice exorcisant les angoisses de Tovey et son incompatibilité avec le monde qui l'entoure. De l'oppressant State of a nation au claustrophobe The Box en passant par le voyeurisme sordide et obscène de Newsreel, Tovey dévoile une personnalité tellement proche de celle de Curtis qu'elle ne pouvait que me toucher.

Frank Tovey est décédé en 2002, mais il nous a laissé Fad Gadget, quelques albums solos et une empreinte indélébile. Son fantôme hante encore parfois la musique.

Till

1. Pedestrian
2. State Of The Nation
3. Salt Lake City Sunday
4. Coitus Interruptus
5. Fireside Favourite
6. Newsreel
7. Insecticide
8. The Box
9. Arch Of The Aorta


ZS

5 commentaires:

Till a dit…

Comme contrepoint à cette aventure Fad Gadget je te prépare un album solo de Frank Tovey, TRÈS différent et avec quelques surprises. Mais chut...

Anonyme a dit…

Arriva...

Anonyme a dit…

... vais je prendre cet album? Probablement. Mais je dois trouver un moyen de le sortir quand je serai en résonance avec tes "obsessions". J'ai beaucoup aimé JOY DIVISION mais j'ai aussi apprécié l'aventure NEW ORDER.
Ils sont arrivé en même temps que je m'éloignais des ambiances à la JOY.
Ado, j'avais le défaut de me laisser submerger par la musique sans le recul nécessaire pour constater que je ne partageais pas les mêmes expériences que les artistes. Et JOY DIVISION était autrement plus dangereux que des SEX PISTOLS & co.
De toute façon il y a eu l'éclairage de Paul Young - qui doit te faure hurler - dans sa reprise de "Love Will Tear Us Apart"
Bon l'épreuve du Captcha

Till a dit…

Merci d'endurer les captchas (pour peu de temps encore j'espère).

Jimmy : je pense que ça demande un effort pour y entrer, notamment pour passer au-delà de l'ambiance et des émotions affleurantes.

Album "solo" est d'autant plus impropre dans son cas, qu'il faudrait dire album sorti sous son nom plutôt que sous le pseudo Fad Gadget.

Mon lien est prêt, il me reste à enrober le post d'un peu de prose. Dans les jours qui viennent...

Devant : effectivement il faut être à peu près en phase avec les ambiances proposées. Donc trouver le bon moment pour l'écouter.

Anonyme a dit…

... pas trop suicidaire j'espère ;-)
(Où sont mes Tramadol?)

depimio 34