Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème #7 - LA GRANDE VADROUILLE (De la musique voyageuse)
Dans un pub enfumé Dr Feelgood s'agite sur scène. Bières, clopes et Wilko. Très vite l'ambiance change, le cadre aussi. Pistols au 100 Club, Siouxsie à l'Hammersmith Odeon, les Stranglers à Battersea, Clash et les autres. D'un saut de puce on change de ville, on rejoint les Buzzcocks à Bolton puis Manchester. Hypnotisé par un gamin de Macclesfield.
La mer d'Irlande se franchit d'un pas. De Derry à Cork, sur les pas de Stiff Little Fingers, Undertones, Killing Joke puis les Pogues. Mais on ne visite pas l'Irlande sans passer ses soirées dans les pubs. Tin whistle, fiddle, bodhran et banjo se retrouvent dans un coin, la fête dure longtemps. L'amertume de la Guinness se mêle à celle de ne pas avoir appris la musique pour rejoindre cette spontanéité.
Nouveau chemin, nouvelles découvertes, l'underground Berlinois des années 80. On y croise les groupes locaux, Malaria!, Neubauten et les autres. Der Himmel Uber Berlin. Au détour d'un hangar Nick Cave. Un voyageur lui aussi. Australie, Allemagne, Brésil, Angleterre. J'irai moins vite que lui, je suis à distance. L'Europe déjà, beaucoup à faire. Des groupes punks russes d'une URSS agonisante à ceux de la Finlande et la Suède, exotisme assuré, musique des langues. Mecano, The Ex en Hollande, Tuxedomoon, TC Matic et Arno en Belgique. Avec Minimal Compact déjà des connexions vers d'autres continents. Brel m'avait déjà raconté une autre Belgique.
Plongée au sud, l'Espagne, le Pays Basque. Kortatu se déchaîne, Muguruza indispensable. Negu Goriak, Skunk et tant d'autres. Catalogne, Manu Chao, Amparanoia, Wagner Pa le brésilien. Avec Dusminguet la musique part dans toutes les directions, dans une latinité qui m'est pourtant étrangère et dans une fête permanente. C'est l'explosion vers Cuba, l'Amérique du Sud, le Proche-Orient. On y reviendra.
L'Europe centrale, l'âme slave de Boris. Par voie fluviale, Rhin, Danube et la Vtlava de Smetana. Dvorak m'entraîne en Amérique, d'autres le feront après lui, Gogol Bordello, Balkan Beat Box, Kusturica. En Amérique tout est trop grand, y compris le choix. Groupes punks québécois improbables, Lhasa, Les Georges Leningrad et récemment Lisa LeBlanc chez La Rouge. Bien sûr New-York, le CBGB, Les Ramones, Patti, les Dolls, Television. Evidemment Cleveland, Detroit, Chicago, NewOrleans, le Delta. Passage obligé par Ann Harbor. La traversée des USA, on pourrait en parler des heures. Marcher dans les pas d'Harry Dean Stanton, Paris Texas, Ry Cooder qui m'emmènera à Cuba. Traquer les fantômes de Jeffrey Lee Pierce, croiser la folie des Cramps au Napa Hospital, la fureur de Jello à LA.
Tout proche le Mexique. Los De Abajo, David Byrne qui produit pour le label Luaka Bop. Grand explorateur lui aussi. De là je devine tout le continent sud-américain encore peu exploré. La multitude des musiciens brésiliens, Flor del Fango en Argentine. Et Cuba. Un verre de rhum, un cigare, n'ayons pas peur des clichés, et Compay, Ibrahim, Eliades sur scène. . Et leurs successeurs, Raul Paz, Kumar, P18, Orishas, qui mélangent El son cubano au rap et aux sons électros. Cuba et ses racines. Espagne et Afrique noire.
De Cuba on aperçoit les rivages enfumés de la Jamaïque. Une façon de presque boucler la boucle tant reggae et ska auront scandé mon parcours, tant les liens avec l'Angleterre des débuts sont ténus. Lee Scratch Perry de ce côté, Linton Kwesi Johnson de l'autre. Laurel Aitken et Skatellites, Specials et Selecter. Et les catalyseurs, les fusionneurs, Clash, Ruts.Two tones, noir et blanc. L'Angleterre et l'Afrique comme Cuba.
Aborder l'Afrique, d'autres l'ont fait plus profondément. Moi j'y ai goûter comme ça, par petits bouts. Youssou N'Dour, Salif Keita, Dibango, Alpha Blondy, Tikken Jah. Cesaria Evora beaucoup. Et Fela. Fela et ses engagements. Fela et sa musique de toutes les négritudes. Fela et ses symphonies africaines. High Life, Afrobeat.
L'Asie à peine entrevue. Des rockeuses japonaises, Jah Wobble avec des musiciens laotiens ou une chanteuse ouzbèque. Gorillaz et un groupe de musique traditionnelle syrienne.
Du Rhin de Wagner à l'Indus de Throbbng Gristle, les fleuves grondent, le rock roule, le jazz cool. De la musique voyageuse ? Le contraire existe ?
Dusminguet - Postrof [2001]
Dusminguet ne connait pas de frontières. Ces Catalans déchainés explorent tout des musiques latines, arabes, du Proche-Orient ou d'Europe centrale. Des allumés qui renversent les barrières pour une fiesta sans fin. De la world music sans caution morale, juste le plaisir des musiques. Leur trilogie Vafalungo - Postrof - Go ! est un must du genre.
Postrof
Fela Kuti & Egypt 80 - Original Sufferhead / ITT
Réédition CD de 2001 regroupant deux albums. C'est avec ITT / Colonial Mentality que j'ai découvert Fela il y a 25 ans.
Fela
Mama Rosin - Brûle Lentement [2009]
Derrière cette improbable pochette velvetienne trop mûre se cache un groupe tout aussi improbable. Un trio suisse qui fait de la musique cajun. Le genre est bien sûr revisité, mélangé à des influences rythm'n blues et caraïbes. Amateurs d'étiquettes, allons-y pour le punk-cajun.
Mama Rosin
samedi 29 septembre 2012
jeudi 27 septembre 2012
Schubert - Trio #2 in E Flat Op.100 - The Mozartean Players
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème #6 - AIMEZ-VOUS BRAHMS...Harr! La mouzik classickeu...
Installé à une table de jeu, Redmond Barry fait face à Lady Lyndon. Jeu de regards, face à face, séduction.
Andante Con Moto. Le piano et le violoncelle se cherchent, se croisent. L'un est rythmique quand l'autre est mélodique. Et puis les rôles s'inversent.
Aucun mot échangé. Un léger mouvement des lèvres, des regards détournés qui se cherchent et s'évitent. Plans croisés, Barry, Lady Lyndon, la caméra passe de l'un à l'autre, dialogue silencieux. Lady Lyndon se lève et s'éloigne. La caméra fixe le visage de Barry qui la suit du regard.
Piano et violoncelle se cherchent et se fuient, s'éloignent du thème pour y revenir inexorablement. Témoin de ce jeu de séduction le violon vogue de l'un à l'autre, rejoint le piano, retrouve le violoncelle.
Lady Lyndon est seule à l'extérieur. Barry entre dans le champ de la caméra. Dans un étirement interminable du temps elle se retourne et lui fait face. Il prend lentement ses mains, les bouches se rapprochent.
Le violoncelle a réaffirmé sa présence, repris le thème principal, le piano le rejoint. La tension prend de la consistance, devient palpable. Quand les deux personnages s'embrassent les deux instruments sont enfin unis sur le thème pour le finale du mouvement.
Le dernier mouvement du Trio, l'Allegro Moderato a été raccourci de deux fois 50 mesures + une reprise par Schubert dans la version éditée. Peut-être pour rentrer dans les formats de diffusion des télévisions américaines. Plus probablement par complaisance, pour proposer des exécutions plus courtes. Les Mozarteans Players ont choisi de proposer en bonus sur ce CD la version manuscrite de l'Allegro telle que Schubert l'avait composée initialement, avec les 100 mesures supplémentaires mais sans la reprise. Je crois, mais je mets de grosse réserves, qu'un des passage coupés superpose le thème de l'Allegro à celui du second mouvement, l'Andante de Barry Lyndon donc, privant la version coupée d'une partie de la cohérence de l'oeuvre.
J'attends impatiemment l'éclairage de Pascal Georges sur ce coup-là.
The Mozartean Players :
Steven Lubin : Piano
Stanley Richie : Violon
Myron Lutzkz : Violoncelle
1. Allegro
2. Andante Con Moto
3. Scherzando
4. Allegro Moderato (Published Version)
5. Allegro Moderato (Uncut Manuscript Version)
ZS
lundi 24 septembre 2012
Rocket From The Tombs - Rocket Redux [1975 / 2004]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 5 - AU HASARD, BALTHAZAR !
Un album choisi au hasard dans votre collection, sans tricher SVP !
Le hasard n'existe pas, l'accident survenu devait survenir. Et je le prouve.
C'est complètement par hasard que Dave Thomas se trouvait à Cleveland en 1974, lui qui était né à Miami 23 ans plus tôt. Par hasard il rencontra Peter Laughner, encore entier, qui venait de créer Rocket From The Tombs avec Cheetah Chrome et Johnny Blitz. Un pur hasard.
Par le plus grand des hasards Dave Thomas intégra le groupe où son chant hasardeux se fit très vite remarquer. Par hasard et parthénogénèse Rocket From The Tombs se scinda rapidement en deux groupes après avoir composé quelques morceaux d'anthologie. Pere Ubu et The Dead Boys étaient nés un peu par hasard.
Sonic Reducer, Final Solution, Ain't if fun
Reste que des années plus tard un archéologue trouva par hasard les enregistrements jamais publiés de Rocket From The Tombs.
Reste que tous ces morceaux ont finalement été édités par Smog Veil en 2004.
Reste que je suis moi-même tombé dessus il y a quelques années au hasard de recherches sur le web.
Reste que ce disque est la génèse de Pere Ubu, qu'on y trouve la vraie version de Final Solution et des autres.
Reste que ce disque est une merveille. Et ça ne peut pas être un hasard, le hasard n'existe pas.
Till
PS : RFTT se sont reformés dans les années 2000, ont sorti une série d'albums que je n'ai jamais écoutés, et tournent régulièrement. Ils sont moins jeunes, moins beaux et Peter Laughner est mort.
PS2 : Je ne peux toujours rien contre les captchas, j'attends les clefs du blog. Désolé.
01 Frustration
02 So Cold
03 What Love Is
04 Ain't It Fun
05 Muckraker
06 30 Seconds Over Tokyo
07 Sonic Reducer
08 Never Gonna Kill Myself Again
09 Amphetamine
10 Down In Flames
11 Final Solution RFTT
12 Life Stinks
ZS
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dimanche 23 septembre 2012
The Lounge Lizards [1981]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 4 - PLAYTIME - Faut qu'ça joue, man.
Acte 1.
Scène 1 : 1985. Coiffé d'un trilby noir il incarne un new-yorkais d'origine hongroise. Aussi peu loquace que le film, John Lurie irradie de la présence Stranger than paradise de Jarmusch. Le noir et blanc colle à merveille à sa grande silhouette dégingandée.
Scène 2 : 1986. Jarmusch encore. Roberto Benigni gesticule tout au long de Down by law. Tom Waits a composé une musique sublime et joue en retrait de Benigni. Toujours aussi discret, John Lurie impose encore sa présence et son regard.
Scène 3 : 1981. Déjà Jarmusch. Permanent Vacation montre un saxophoniste jouer au coin d'une rue. John Lurie est dans son élément.
Acte 2.
Scène 1 : 1982. La scène est celle du théâtre municipal de Vienne (Isère). Théâtre du XVIIIème siècle, salle à l'italienne, drôle d'endroit pour un concert. C'est pourtant là que The Lounge Lizards sont installés, un peu à l'étroit, pour un concert de la tournée qui suit la sortie de leur premier album.
Scène 2 : Flashback, un an plus tôt. Par quel hasard j'ai découvert ce disque ? Une émission de France Inter sûrement. Bernard Lenoir ou Blanc-Francard. Plutôt Blanc-Francard dans Loup-Garou. J'ai tout de suite aimé ça. Pas du tout amateur de jazz pourtant mais là le gros coup de coeur. Peut-être que ça n'est pas du jazz tout simplement. On peut rire en voyant toutes les étiquettes collées à ce groupe : Jazz Punk, Jazz parodique et même Free jazz. Si, si, je l'ai lu. Probablement à cause des dérapages, grincements et bruitages de la guitare d'Arto Lindsay. Peut-être à cause de la reprise d'Epistrophy de Monk. Je laisse le débat aux spécialistes, moi j'aime ça et je me fais plaisir. John Lurie, Arto Linday envoient leur jazz finalement pas très éloigné de la no-wave new-yorkaise et d'un James Chance qu'ils ont forcément croisé
Acte 3.
Scène 1 : 2012. Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques
Faut qu'ça joue man ! Alors Lurie acteur, Lurie saxophoniste, Lurie qui revisite des standards. Ca joue man ?
Till
Incident On South Street
Harlem Nocturne (Earle Hagen)
Do The Wrong Thing (John Lurie, Steve Piccolo)
Au Contraire Arto
Well You Needn't (Thelonious Monk)
Ballad
Wangling
Conquest Of Rar (John Lurie, Evan Lurie, Anton Fier)
Demented
I Remember Coney Island
Fatty Walks
Epistrophy (Thelonious Monk, Kenneth Clarke)
You Haunt Me
ZS
vendredi 21 septembre 2012
Coil - Scatology [1984]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 3 : 3 - LA BEAUTE DU DIABLE (De la musique qui fait peur et qu'on aime ça)
De la musique qui fait peur, un thème étonnant. A la première lecture je ne voyais pas quoi raccrocher à ce thème. Alors biaiser, contourner, détourner ? En fait non. J'ai plutôt envie de remercier Mister Moods puisque son thème me permet de proposer Scatology qui s'est rapidement imposé comme une évidence.
Au début des années 80 on est en plein dans l'explosion de la musique dite industrielle. Throbbing Gristle puis Psychic TV avaient ouvert la voie avant que des Einstürzende Neubauten, SPK, Cabaret Voltaire et autres Test Dept. ne l'emprunte. Sans vouloir faire étalage de mon CAP de sociologie appliquée, comment ne pas se rappeler qu'à cette époque nos belles sociétés occidentales venaient de prendre en pleine tronche un choc pétrolier dévastateur et de découvrir que les 30 glorieuses étaient derrière elles, que le capitalisme n'était pas le rêve qu'on voulait bien nous vendre mais qu'il savait, sans se forcer, créer sa part de misère. Si c'est dans la merde que poussent les plus belles fleurs, c'est aussi de ce marasme sociétal que sont nés la musique industrielle et les genres apparentés qu'on appelle cold-wave ou post-punk.
Jhonn Balance et "Sleazy" Peter Christopherson, transfuges de Psychic TV, créent Coil et sortent Scatology en 1984. Pour moi c'est une claque. Moins bruitistes que Throbbing Gristle, plus musicaux - ou en tout cas différemment - que Neubauten, Coil balance une musique qui oscille entre l'invitation au suicide et la torture psychologique. De l'Ubu Noir initial au Cathedral In Flames final - dans la version vinyle d'origine - tout est sombre, désespéré, souvent violent et agressif. Mais tout y est beau, poignant, sublime. Le disque entier se prête à l'oxymore : beauté terrifiante, sublime torture,atrocité magnifique. La Beautiful downgrade chère à Bauhaus à la même époque.
La terreur diffuse de Tenderness Of Wolves où Gavin Friday vient prêter sa voix dont le timbre si particulier n'a peut-être jamais si bien collé à la musique, les percussions tribales et les scansions démentes de The Spoiler, la chevauchée hyper-aigüe et hallucinatoire de Clap, les hurlements de foules fanatiques de Godhead=Deathead, les rythmes martiaux de Solar Lodge, tout n'est qu'agression des sens, visions démentes et promesses d'Apocalypse. C'est beau, terrifiant, sublime, épuisant, atroce et magnifique. Si j'osais une comparaison avec la peinture je dirais que Scatology est l'équivalent d'un Jugement Dernier avec pesée des âmes et monstres prêts à engloutir le pécheur égaré. Probablement le disque préféré de Jerôme Bosch.
Un mot sur les bonus du CD, parfaitement au diapason de l'édition originale. Restless Day, qui contrairement à ce que laisse penser son titre, propose une respiration judicieusement placée au milieu du disque. The Wheel morceau caché aux confins du CD, Aqua Regis rallongé par rapport au vinyle et surtout la reprise de Tainted Love/i>. Loin de la version new-wave dansante de Soft Cell trois ans plus tôt, Coil en propose ici une lecture suffocante et agonisante en réaction à l'épidémie galopante du SIDA. Si je ne m'abuse, ils ont invité Marc Almond à réinterprêter le morceau de Gloria Jones avec eux.
Pour revenir au titre du thème, La beauté du Diable, si j'avais une once de croyance religieuse, je qualifierais peut-être ce disque de diabolique. Loin des artifices Grand Guignolesques d'un Marylin Manson, dont on peut d'ailleurs comparer la reprise de Tainted love à celle qui clôture (presque) Scatology, Coil distille son anti-religiosité comme le serpent du jardin d'Eden répand son venin. Il y a bien longtemps que j'ai cédé à la tentation.
Till
01 Ubu Noir
02 Panic
03 At The Heart Of It All
04 Tenderness Of Wolves
05 The Spoiler
06 Clap
07 Restless Day
08 Aqua Regis
09 Solar Lodge
10 The S.W.B.P. (Sewage Worker's Birthday Party)
11 Godhead=Deathead
12 Cathedral in Flames
13 Tainted Love
14 The Wheel (hidden track)
ZS
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Peter "Sleazy" Christopherson
mercredi 19 septembre 2012
Imelda May - Love Tattoo [2008]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 2 : 2 - UNE AFFAIRE DE FEMMES (Musique au féminin)
La salle est toujours plongée dans l'obscurité et le brouhaha augmente de minute en minute. C'est pas encore l'heure mais une partie du public commence déjà à s'impatienter. Rien à faire en attendant, à part siroter ma bière à petites gorgées. On ne peut plus fumer dans les salles de concerts, et j'ai la flemme de sortir dans l'enclos réservé. De toute façon ça fait vingt ans que je ne fume plus et jen'ai aucune envie d'aller me les geler dehors. Alors je patiente. Je me colle contre un mur et je ferme les yeux.
Des héroines rock j'en ai eu quelques-unes depuis que j'écoute de la musique. Différentes suivant les époques, suivant les goûts du moment. Elles s'appelaient Nina, Siouxsie, Lena. Elles étaient chouettes ces années-là. On inventait tout, même ce qui existait déjà. Marianne, Nico, Patti. Plus tard celles-là. Il avait d'abord fallu digérer toutes ces années... punk, ou un truc comme ça.
Le bruit grandit et me fait ouvrir les yeux. Je comprends que les musicos ont fait leur entrée sur scène. Pas elle. Elle a décidé de se faire attendre. Pas de souci on a l'habitude, t'es pas la première à attaquer un set en retard. Je me souviens aussi de ces groupes de filles qui nous filaient des frissons. Vice Squad, The Slits, Malaria ! Impossible de me souvenir du nom des filles si je les ai un jour connus. Ah si, Viv Albertine. Les souvenirs s'enchaînent, me revient la voix de Poly Styrene de X-Ray Spex. Marrant de retrouver ça. Et les chanteuses à choucroute des B52's.
Ca bouge sur scène. Pas encore de lumière mais on voit bien qu'elle est là. Je devine déjà sa mèche retroussée au-dessus du front et sa robe résolument retro. Délicieusement rétro. Ressortir les racines rock and rolliennes en 2008 fallait oser. Ca y est la contrebasse attaque Johnny Got A Boom Boom. Le mec claque déjà furieusement ses cordes. Elle me fait marrer avec son tambourin trop grand mais dès qu'elle chante c'est le frisson. En dix secondes la salle est en transe. Et moi avec. Tout le monde saute sur place, c'est la grande communion des secoueurs de guiboles. Saute en l'air, retombe par terre, dans une cascade de sueur. Big Bad Handsome Man, je n'ai plus de souffle.
Heureusement pour ma santé elle ménage des pauses avec ses ballades au piano. Chansons d'amour portées par une voix qui donne envie que tout ça ne s'arrête jamais. J'entends Billie, Ella, Wanda. Dire que cette fille n'est même pas américaine. Smokers Song, tant pis pour l'interdiction. Rock, jazz, swing, elle peut mettre tout le monde d'accord. Moi le premier. Sur Watcha Gonna Do c'est obligé je rends l'âme. Scotché, lessivé, vidé. Un film de Tarantino me crachent ses décibels en direct dans le cerveau, les trompettes explosent, mes neurones avec. Direction les urgences.
Ici les Urgences, qu'est-ce qui vous arrive ? Il faut que j'écoute l'album d'Imelda May. De toute urgence.
Till
01. Johnny Got A Boom Boom
02. Feel Me
03. Knock 123
04. Wild About My Lovin
05. Big Bad Handsome Man
06. Love Tattoo
07. Meet You At The Moon
08. Smokers' Song
09. Smotherin' Me
10. Falling In Love With You Again
11. It's Your Voodoo Working
12. Watcha Gonna Do
ZS
lundi 17 septembre 2012
Joe Strummer & The Mescaleros - Global A Go-Go [2001]
Grand Jeu Des Blogueurs Mangeurs De Disques (4ème édition)
Thème # 1 : QUE LA FETE COMMENCE ! (Un must pour commencer... Lâchez-vous !)
Ca commence bien. Premier thème et déjà des états d'âme. Que le fête commence...Alors quoi ? De la musique festive ? De celle qui vous donne une foutue envie de remuer les jambes et de vous mêler à une foule sautillante et trépidante, toute entière tournée vers le même besoin de célébrer la vie ou, plus modestement, le plaisir d'être ensemble et de se dire que c'est déjà un beau cadeau ?
Mais après tout la musique est toujours festive pour peu qu'elle vous prenne aux tripes et vous remue la boîte à émotions. Alors le thème ? Vas-y, lis jusqu'au bout. Un must pour commencer. C'est quoi un must ? Réfléchissons...Imaginons un groupe, un chanteur, une chanteuse, une idée, un album qui nous accompagne depuis longtemps, depuis toujours. On l'a laissé de côté un moment, on lui fait quelques infidélités - pardonnables, il y a tellement trop - mais toujours on reviens vers lui, elle, ça. Comme aimanté. Dans aimanté il y a aimant, aimer, j'aime, nous aimons. Donc on y revient, toujours besoin d'amour. Et au bout de cette réflexion c'est Joe Strummer qui s'impose. Champion du monde, médaille d'or à défaut de disque d'or, universel.
J'ai toujours su que Strummer était immortel. Comme une évidence. Immortel, pas comme un Highlander ridicule, ou un académicien tout vert, limite moisi, mais immmortel comme un bloc de granit qui était là avant et qui sera là après. Un repère, un phare qui sauve le navigateur perdu. Au moment de se noyer dans un océan de musiques, submergé par les nouvelles vagues successives, à l'instant de la suffocation, de la dernière bouffée d'air, de l'engorgement des tympans, les images défilent, on fait le point une dernière fois et il est là. Le repère, le phare. Et on rattrape le fil. Le fil d'Arianne, la corde qui nous sort la tête de l'eau.
Parce que Joe Strummer c'est une longue histoire d'aimant. Joe Strummer qui rock'n'roll et qui connait les anciens. Joe Strummer qui avec une poignée de morveux hurle la rage d'une génération. Joe Strummer qui sait déjà que pour respirer et vivre, sa musique doit chercher ailleurs, partout, s'enrichir de toutes les cultures et fouiller leur âme. Joe Strummer qui traverse discrètement des années de musiques de films et d'émissions de radio. Joe Strummer qui ressurgit plus inspiré que jamais à la tête des Mescaleros. Et qui après un coup d'essai sort Global A Go-Go. Un coup de maître.
Global A Go-Go c'est l'album qui réussit l'amalgame de toutes les musiques qui le font respirer, l'alchimie des genres. Strummer transforme en pépites toutes ses rencontres musicales. Il cuisine les recettes indiennes et pakis et s'invite aux fêtes latinas, parcoure la bande FM mondiale et joue au Mah-Jong dans un fast-food chinois. Il saupoudre discrètement d'épices africaines, pimente parfois d'une basse funk, relève d'un soupçon de guitare latine et ou adoucit d'un folk apaisant. Global A Go-Go est l'oeuvre d'un Strummer apaisé et mature, d'un homme qui sait d'où il vient et sait où il va, qui suit son chemin avec sérénité. Pour autant, le regard qu'il jette sur le monde n'est ni sombremment désespéré ni naïvement idéaliste. Son oeil est triste et réaliste, pourtant il garde espoir en l'humanité et dégage une forme de sagesse, celle que confère l'expérience.
Nul doute que Strummer avait encore beaucoup à donner à la musique. J'en veux pour preuve les quelques perles qui figurent sur Street Core, l'album posthume. Mais celui-ci souffrait d'un manque de finition. Non, le vrai testament c'est bel et bien Global A Go-Go. John Graham Mellor est mort en décembre 2002. Joe Strummer, lui, est immortel.
Till
01 - Johnny Appleseed – 4:03
02 - Cool 'n' Out – 4:22
03 - Global a Go-Go – 5:55
04 - Bhindi Bhagee – 5:47
05 - Gamma Ray – 6:58
06 - Mega Bottle Ride – 3:33
07 - Shaktar Donetsk – 5:57
08 - Mondo Bongo – 6:14
09 - Bummed Out City – 5:33
10 - At the Border, Guy – 7:08
11 - Minstrel Boy (traditionnel) – 17:53
ZS
mercredi 12 septembre 2012
Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques (Quatrième Edition)
Pour une rentrée musicale réussie, Jimmy JIMMEREENO, auteur de l'excellent blog le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr propose la quatrième édition de son Grand Jeu Interblog. Plus fort qu'Interville et ses vachettes, le Grand Jeu Des Blogueurs est cette fois animé par Mister Moods du blog lanneedudragon.blogspot.fr qui a concocté les thèmes.
Branchez-vous sur les blogs participants à partir du 19 septembre pour découvrir comment chacun répond aux thèmes imposés.
Ci-dessous un copier/coller du message de Jimmy.
Till
"La rentrée vous rend morose ? Le Club Des Mangeurs De Disques a ce qu'il vous faut : ni plus ni moins que la quatrième édition du Grand jeu ! Cette fois, c'est Mister Moods de L'Année Du Dragon qui a concocté les thèmes, j'espère que vous apprécierez. Comme à l'habitude, vous les recevrez dès que votre inscription sera validée.
Pour les nouveaux venus, voici de quoi il s'agit : rien de compliqué, il suffit simplement d'avoir un blog (ou d'être hébergé chez un ami) et de poster, un jour sur deux, un album selon un thème imposé. Il n'y rien a gagner - sauf l'estime des plus grands blogueurs de la planète !
J'espère que vous serez nombreux à nous rejoindre et que nous nous amuserons autant que lors des trois précédentes éditions. J'attends vos inscriptions à l'adresse du Club.
Jimmy JIMMEREENO"
Et les participants :
C'est avec une joie non dissimulée que je vous livre la liste des participants. Nous en sommes donc à la quatrième édition et votre enthousiasme de faiblit pas. Si je déplore l'absence des amis Marius et LRRooster pour défendre les couleurs du Canut Brains, je me félicite du retour de l'incandescente La Rouge et de celui sans lequel le Grand Jeu ne serait pas ce qu'il est, j'ai nommé : Jeepeedee. Sinon, les participants historiques vont nous honorer de leur présence, ainsi que deux petits nouveaux. Soyez tous bons et n'oubliez pas d'aller commenter le plus possible chez les copains. Pour avoir une vue d'ensemble de chaque journée, rien n'est plus simple, puisque tous les blogs participants figurent dans la rubrique : Mes Blogs Préférés du Club.
Devant - Get Happy!!
http://devantf.blogspot.fr/
Mister Moods - L'Année Du Dragon
http://lanneedudragon.blogspot.fr/
Jeepeedee - Jeepeedee Rips (Again)
http://jeepeedee.blogspot.fr/
Fracas - Le Blog De Fracas 64
http://fracas64.blogspot.fr/
Till - Le Miel Et Les Oreilles
http://lemieletlesoreilles.blogspot.fr/
Charlu (alias VincenD) - Les Chroniques De Charlu
http://leschroniquesdecharlu.blogspot.fr/
Toorsch - Les Chroniques De Toorsch'
http://toorsch.blogspot.fr/
Pascal Georges - Life Sensations In Music
http://lifesensationsinmusic.blogspot.fr/
La Rouge - Red Rouge Musica
http://redrougemusika.blogspot.fr/
Olivier - Approximative ButFair
http://approxbutfair.wordpress.com/
Jimmy Jimmereeno & Everett W. Gilles & Arewenotmen? & Sorgual - Le Club Des Mangeurs De Disques
http://le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr/
lundi 10 septembre 2012
Patti Smith - Banga [2012]
Depuis ses albums des années 70 je n'ai pas suivi la carrière de Patti Smith. Ok, j'ai Trampin', son album de 2004 mais que j'ai très peu écouté. Et puis il y a quelques mois je tombe sur un article parlant de la sortie de Banga. Pourquoi pas ? Peut-être que Patti a toujours la flamme, peut-être que ça vaut le coup de l'écouter, peut-être que je tente l'affaire. Je tente l'affaire.
Banga. Au premier abord je trouve le titre ridicule, probablement influencé par une pub pour une boisson à la con. Heureusement des gens bien informés m'apprennent qu'il s'agit en fait du nom du chien du Maître et Marguerite de Boulgakov. Ok, je ne l'ai pas lu, je suis pardonné ? Merci les gens bien informés.
Tiens, les mêmes gens bien informés me signalent également que le titre This is the girl parle d'Amy Winehouse, que Maria s’intéresse à Maria Schneider et que Nine est consacrée à Johnny Depp qui joue d'ailleurs de la guitare sur le disque. Encore merci les gens.
Et coté musique ? C'est pas l'euphorie électrique, on baigne plutôt dans un registre ballades. L'album commence d'ailleurs sur ce rythme avec Amerigo. Je n'aime pas le deuxième titre April Fool qui m'évoque un tube eighties et ne ressemble pas à Patti Smith. Je trouve. Ça s'améliore ensuite avec Fuji-san - peut-être en rapport avec Fukushima ? - et Banga où on retrouve une Patti plus lyrique et plus rock. Entre temps This is the girl est retournée à la ballade, tout comme Maria ensuite. Et pourquoi pas ?
Je ne vous fais pas le détail de tous les titres, je ne suis pas payé pour ça non plus hein. Ça continue à osciller entre rock et folk mais sans s'attarder sur Philippe Manoeuvre, avant de (presque) finir sur une reprise de After the gold rush de Neil le Jeune. Patti, elle, a vieillit un peu, sa musique s'est calmée, mais ça arrive aux meilleurs. Allez je retourne l'écouter avant de me refaire Horses.
Till
ZS
jeudi 6 septembre 2012
Batlik - L'art des choix [2010]
Pourquoi Batlik ? A priori ce n'est pas mon univers musical. Hé ho Lolo keske tu racontes là ? Oui c'est vrai qu'est-ce que je raconte ? Mon univers musical englobe tous les gens dont la musique me fait quelque chose là. Pour ceux qui ne voient pas plus loin que leur écran, là désigne une zone de mon anatomie située approximativement entre le bas-ventre et le début de la cage thoracique. L'abdomen, le ventre, le bide, le buffet. Cette zone mystérieuse située juste derrière les tablettes de nutella.
Voilà ! C'est ça la réponse. Pourquoi Batlik ? Parce que sa musique me fait quelque chose là. J'ai mis du temps à m'intéresser au monsieur. Quand il s'agit de chanteur français je suis toujours méfiant. Mon drame c'est que je parle le français couramment et que je comprend plutôt bien les paroles. Sauf celles d'Indochine. Donc je me méfie. Un texte qui me gêne, une musique qui fait du sous-Têtes Raides et aussi sec je mets de côté pour écouter plus tard, aux prochaines Calendes grecques. Curieusement je n'ai pas la même réaction avec les étrangers qui chantent en étranger. Mais je sais que c'est idiot.
Donc Batlik c'est venu tardivement. Parce qu'un ami m'a offert L'art des choix. On se connait assez, lui pour savoir que ça me plairait et moi pour savoir que ça me plairait. Et réciproquement. Et donc je l'ai écouté et donc ça m'a plu. Parce que le monsieur écrit bien, parce que sa musique je ne sais pas en parler, parce que son phrasé sacca
dé, où parfois les mots sont reje
tés plus loin accroche mon oreille avec bonheur.
Et puis le monsieur je l'ai vu sur scène depuis. C'était une toute petite salle et ça c'était bien. Ils étaient trois musiciens sur scène avec une bonne ambiance et ça c'était bien. Les instruments n'étaient plus tout à fait les mêmes que sur le disque et ça c'était bien. Il a passé presque autant de temps à discuter avec le public qu'à jouer et ça c'était bien aussi.
Batlik j'aime bien. Batlik travaille en dehors des circuits commerciaux. Disques auto-produits, label indépendant. Batlik ne fait pas de buzz. Batlik est un pur.
Till
01 - sage renoncement 3'06
02 - un bon français 3'14
03 - la main dans le sac 2'46
04 - le mal est fait 3'19
05 - l'effort de soumission 4'18
06 - l'indépendant 2'56
07 - na dé milyons d'années 3'35
08 - l'art des choix 2'59
09 - mauvais homme 3'28
10 - à la ronde 2'09
11 - nuisible retranché 2'42
12 - porte de Clichy 3'36
Batlik (guitare chant)
Jean Marc Pelatan (basse, clarinette)
Seb Brun (batterie)
Nicolas Brûche (trompette)
Julie Rousseau (choeurs)
Hugo Votocek (ingé son)
ZS
mercredi 5 septembre 2012
David Lynch - Crazy Clown Time [2011]
Lynch et la musique ça ne date pas d'hier. Tout petit déjà il composait la chanson de son premier long métrage Eraserhead : Heaven qui fit le bonheur de nombre de groupes post-punk puisqu'elle fut reprise - entre autres - par Bauhaus, Tuxedomoon et Norma Loy. Musicalement c'était assez simple - simpliste ? non je ne l'ai pas dit ! - les paroles minimales et répétitives mais ça collait bien à l'ambiance. Et puis Eraserhead m'a filé une claque, j'en ai encore la trace trente ans après, c'est vous dire.
Heaven donc. Mais pas que. Depuis 30 ans l'homme à la coiffure improbable a participé a plusieurs projets musicaux dont récemment quelques vocaux sur un disque commun de DangerMouse et de Mark Linkous de Sparklehorse si j'en crois Wikipédiatre, ainsi nommé pour ces brillants articles rédigés par la classe de Maternelle Supérieure de l'école "Jules, Luc et Brian Ferry" de St-Pierre-la-Treille sur Baranvon. C'est d'ailleurs dans cette école maternelle, berceau des arts, des chiffres et des lettres qu'Angelo Badalamenti a fait ces études musicales.
Ce qui me ramène à mon sujet puisque Badalamenti - franchement, personne ne s'appelle comme ça - est le co-compositeur de l'Industrial Symphony n°1 - The Dream of the Broken-Hearted. Co-compositeur avec Lynch évidemment, le but de cette pirouette étant de retrouver le fil de ce fil. Un mot quand même sur Badalementi qui comme son nom l'indique est états-unien : au-delà de la méchanceté bête et gratuite du paragraphe précédent, Badalamenti, un vieux complice de Lynch, dont il a composé la musique de plusieurs films, m'a un peu pourri la vision de la série Twin Peaks tellement son générique me donnait des boutons, boutons dont j'ai gardé la trace plusieurs années après, c'est vous dire. Entre la claque et les boutons je suis bientôt mûr pour tourner dans un improbable remake d'Elephant Man. Avis aux producteurs.
Mais je n'en ai pas fini - Ah ? dommage ! - avec les aventures musicales de Lynch, puisque je n'ai pas encore parlé de ses compositions spéciales pour l'exposition consacrée à ses peintures/sculptures à la Fondation Cartier en 2007 :The air is on fire. Ceux qui ont eu la chance - comme moi hin hin - de voir l'expo, se souviennent que l'ambiance était Lynchienne au possible. Cet expo m'a filé un coup sur la tête dont j'ai gardé une bosse plus de 5 ans après, c'est vous dire.
Un saut dans le temps. En octobre 2011, j'attends un Eurostar à destination de Londres quand je passe devant un kiosque à journaux de la gare du Nord et tombe sur un numéro des Inrocks qui fêtaient leur nième anniversaire avec plusieurs Unes différentes. Je ne me suis jamais intéressé à ce magazine mais là la Une qui s'étale devant mes yeux montre une photo de Lynch et me promet une interview passionnante à l'intérieur. Je l'achète donc pour me reposer de la lecture de Eurostar Magazine et me voilà parti pour mon voyage de 2 heures. En réalité bien plus longtemps, parce que le train est tombé en panne après Calais, qu'après une longue attente il a fait marche arrière jusqu'à Calais où après une autre longue attente nous avons embarqué dans un autre train. J'ai donc eu le temps de lire et Les Inrocks et Eurostar Magazine. Après une interview de Philip Roth, je m'attaque donc à celle Lynch où j'apprends qu'il vient de sortir un album d'électro.
[Voix des chœurs antiques] Ah voilà donc où il voulait en venir ! Ouf on va peut-être s'en sortir [/voix des chœurs antiques]
Lynch, album, électro. Etrange association. Ajoutez acheter et on tient une phrase historique. Bref, intrigué et curieux je l'ai acheté, écouté, réécouté et ainsi de suite. Et mis 9 mois pour vous le proposer. Et si musicalement c'est assez étrange et intriguant - le contraire aurait été décevant de sa part - c'est incontestablement Lynchien. Musique sombre, quelques rythmes électro mais pas trop, voix trafiquée, il s'y entend pour nous triturer le cerveau. Soyons honnête, ce n'est pas forcément le disque de l'année (dernière), pas forcément un chef d’œuvre inoubliable, on peut même trouver certains morceaux un peu risibles mais c'est finalement un truc qui tient la route. N'en déplaise aux Inrocks ce n'est pas un disque électro, c'est même par moments plutôt rock. Ok, je l'écoute beaucoup moins souvent que le dernier Tom Waits acheté en même temps, mais j'éprouve régulièrement un plaisir - pervers ? - certain à le poser sur la platine. Comme quoi je ne regrette pas mes Euros(tar).
Le gros défaut de ce disque c'est que le digipack très soigné - agrémenté de quelques photos qu'on suppose prises par Lynch lui-même - ne fournit pas les substances psychotropes qui aideraient l'auditeur à pleinement se fondre dans l'ambiance du disque. Il faut donc se les procurer par soi-même ce qui engendre des frais supplémentaires. Etant donné la conjoncture actuelle et la crise de la dette de la crise ça ne met pas la musique de David Lynch à la portée de toutes les
Le saviez-vous ? : David Lynch est un grand timide. Au début du disque on sent qu'il hésite encore à chanter, du coup c'est Karen O, chanteuse des Yeah Yeah Yeahs qui est obligée de s'y coller sur le premier titre très rock.
En bonux, une photo de moi après une claque il y a 30 ans, des boutons il y a 15 ans et un coup sur la tête il y a 5 ans :
Till
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