mercredi 5 septembre 2012

David Lynch - Crazy Clown Time [2011]



Lynch et la musique ça ne date pas d'hier. Tout petit déjà il composait la chanson de son premier long métrage Eraserhead : Heaven qui fit le bonheur de nombre de groupes post-punk puisqu'elle fut reprise - entre autres - par Bauhaus, Tuxedomoon et Norma Loy. Musicalement c'était assez simple - simpliste ? non je ne l'ai pas dit ! - les paroles minimales et répétitives mais ça collait bien à l'ambiance. Et puis Eraserhead m'a filé une claque, j'en ai encore la trace trente ans après, c'est vous dire.

Heaven donc. Mais pas que. Depuis 30 ans l'homme à la coiffure improbable a participé a plusieurs projets musicaux dont récemment quelques vocaux sur un disque commun de DangerMouse et de Mark Linkous de Sparklehorse si j'en crois Wikipédiatre, ainsi nommé pour ces brillants articles rédigés par la classe de Maternelle Supérieure de l'école "Jules, Luc et Brian Ferry" de St-Pierre-la-Treille sur Baranvon. C'est d'ailleurs dans cette école maternelle, berceau des arts, des chiffres et des lettres qu'Angelo Badalamenti a fait ces études musicales.

Ce qui me ramène à mon sujet puisque Badalamenti - franchement, personne ne s'appelle comme ça - est le co-compositeur de l'Industrial Symphony n°1 - The Dream of the Broken-Hearted. Co-compositeur avec Lynch évidemment, le but de cette pirouette étant de retrouver le fil de ce fil. Un mot quand même sur Badalementi qui comme son nom l'indique est états-unien : au-delà de la méchanceté bête et gratuite du paragraphe précédent, Badalamenti, un vieux complice de Lynch, dont il a composé la musique de plusieurs films, m'a un peu pourri la vision de la série Twin Peaks tellement son générique me donnait des boutons, boutons dont j'ai gardé la trace plusieurs années après, c'est vous dire. Entre la claque et les boutons je suis bientôt mûr pour tourner dans un improbable remake d'Elephant Man. Avis aux producteurs.

Mais je n'en ai pas fini - Ah ? dommage ! - avec les aventures musicales de Lynch, puisque je n'ai pas encore parlé de ses compositions spéciales pour l'exposition consacrée à ses peintures/sculptures à la Fondation Cartier en 2007 :The air is on fire. Ceux qui ont eu la chance - comme moi hin hin - de voir l'expo, se souviennent que l'ambiance était Lynchienne au possible. Cet expo m'a filé un coup sur la tête dont j'ai gardé une bosse plus de 5 ans après, c'est vous dire.

Un saut dans le temps. En octobre 2011, j'attends un Eurostar à destination de Londres quand je passe devant un kiosque à journaux de la gare du Nord et tombe sur un numéro des Inrocks qui fêtaient leur nième anniversaire avec plusieurs Unes différentes. Je ne me suis jamais intéressé à ce magazine mais là la Une qui s'étale devant mes yeux montre une photo de Lynch et me promet une interview passionnante à l'intérieur. Je l'achète donc pour me reposer de la lecture de Eurostar Magazine et me voilà parti pour mon voyage de 2 heures. En réalité bien plus longtemps, parce que le train est tombé en panne après Calais, qu'après une longue attente il a fait marche arrière jusqu'à Calais où après une autre longue attente nous avons embarqué dans un autre train. J'ai donc eu le temps de lire et Les Inrocks et Eurostar Magazine. Après une interview de Philip Roth, je m'attaque donc à celle Lynch où j'apprends qu'il vient de sortir un album d'électro.

[Voix des chœurs antiques] Ah voilà donc où il voulait en venir ! Ouf on va peut-être s'en sortir [/voix des chœurs antiques]

Lynch, album, électro. Etrange association. Ajoutez acheter et on tient une phrase historique. Bref, intrigué et curieux je l'ai acheté, écouté, réécouté et ainsi de suite. Et mis 9 mois pour vous le proposer. Et si musicalement c'est assez étrange et intriguant - le contraire aurait été décevant de sa part - c'est incontestablement Lynchien. Musique sombre, quelques rythmes électro mais pas trop, voix trafiquée, il s'y entend pour nous triturer le cerveau. Soyons honnête, ce n'est pas forcément le disque de l'année (dernière), pas forcément un chef d’œuvre inoubliable, on peut  même trouver certains morceaux un peu risibles mais c'est finalement un truc qui tient la route. N'en déplaise aux Inrocks ce n'est pas un disque électro, c'est même par moments plutôt rock. Ok, je l'écoute beaucoup moins souvent que le dernier Tom Waits acheté en même temps, mais j'éprouve régulièrement un plaisir - pervers ? - certain à le poser sur la platine. Comme quoi je ne regrette pas mes Euros(tar).

Le gros défaut de ce disque c'est que le digipack très soigné - agrémenté de quelques photos qu'on suppose prises par Lynch lui-même - ne fournit pas les substances psychotropes qui aideraient l'auditeur à pleinement se fondre dans l'ambiance du disque. Il faut donc se les procurer par soi-même ce qui engendre des frais supplémentaires. Etant donné la conjoncture actuelle et la crise de la dette de la crise ça ne met pas la musique de David Lynch à la portée de toutes les couilles bourses.

Le saviez-vous ? : David Lynch est un grand timide. Au début du disque on sent qu'il hésite encore à chanter, du coup c'est Karen O, chanteuse des Yeah Yeah Yeahs qui est obligée de s'y coller sur le premier titre très rock.






En bonux, une photo de moi après une claque il y a 30 ans, des boutons il y a 15 ans et un coup sur la tête il y a 5 ans :



Till


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